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LE
FUTUR CANAL INTEROCEANIQUE
DE L'AMERIQUE CENTRALE

La question que nous nous proposons de traiter n’est assurément pas une question nouvelle ; elle remonte à la découverte de l’Amérique, et cependant elle est si peu épuisée qu’un congrès, composé des plus éminens géographes et ingénieurs des deux mondes, a été convoqué le 15 mai de cette année, en l’hôtel de la Société de géographie de Paris, pour l’étudier et la résoudre.

Comment, après le couronnement superbe de l’œuvre de M. Ferdinand de Lesseps, l’ouverture d’un passage entre l’Atlantique et le Pacifique n’est-elle pas un fait accompli ? Quels obstacles ont donc brisé les efforts des hommes éminens qui ont exposé leur fortune, sacrifié leur vie au succès de cette entreprise ? Il est permis de répondre que le retard apporté à l’ouverture de l’isthme américain est dû plutôt à l’instabilité des gouvernemens, en un mot à des empêchemens politiques plutôt qu’à des empêchemens matériels. Alexandre de Humboldt, que l’on ne saurait trop citer lorsqu’il s’agit de l’Amérique centrale, n’a pas dit autre chose : « L’imperfection des institutions politiques, a-t-il écrit, a pu, pendant des siècles, convertir en désert des lieux dans lesquels le commerce du monde devrait se trouver concentré ; mais le temps approche où ces retards cesseront d’être ; une administration vicieuse ne pourra pas toujours lutter contre les intérêts réunis des hommes, et la civilisation va se porter irrésistiblement dans les contrées dont la nature annonce elle-même les grandes destinées par la configuration