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non-seulement les traits essentiels de chaque espèce minérale, mais encore elle met en évidence les particularités principales qui signalent sa configuration ; elles la font voir sous tous ses aspects et permettent d’apprécier le genre de symétrie qui lui est propre, mieux que ne pourrait le faire un examen extrinsèque des échantillons entiers. D’ailleurs toutes les sections d’un minéral ne sont pas également importantes au point de vue de sa détermination cristallographique ; certaines d’entre elles possèdent une forme tout à fait caractéristique ; ce sont précisément celles-là qui, dans une préparation microscopique, attirent le regard du minéralogiste ; involontairement il fait tellement abstraction des autres qu’en général elles sont pour lui comme si elles n’existaient pas.

D’autres caractères physiques sont en outre intimement liés à la forme et faciles à constater au microscope. Ainsi, par exemple, la plupart des minéraux présentent une tendance marquée à se diviser en feuillets parallèles, suivant des directions en rapport avec leur forme cristalline. Les fendillemens qui en résultent, et que les minéralogistes nomment fentes de clivage, sont nettement accusés dans les coupes microscopiques. Tantôt leurs traces sont représentées par une seule série de traits parallèles, tantôt elles offrent la forme d’un treillis régulier ; en général, la figure qu’elles affectent varie avec l’orientation de la section, et par suite avec la forme de son contour. On voit d’après cela que la disposition des fentes de clivage peut non-seulement dénoter la nature d’une espèce minérale, mais encore faire connaître l’orientation particulière d’une section pratiquée dans un échantillon.

Le microscope décèle aussi les associations régulières que forment fréquemment entre eux plusieurs cristaux appartenant à une même espèce. Ces associations connues sous le nom de mâcles, s’effectuent suivant des lois fixes, en rapport avec la symétrie cristalline et la nature spéciale de chaque minéral. Dans les sections microscopiques, elles se trahissent par des figures variées dont les bords sont en général découpés par des angles rentrans. Quelquefois ces figures affectent des formes polygonales simples ; plus souvent elles sont compliquées et représentent d’élégans dessins géométriques, des croix à branches multiples, des rosaces, des bandes ornées de dentelures.

Ainsi, des cristaux dont les dimensions n’excèdent pas quelques millièmes de millimètre, non-seulement peuvent être aperçus au microscope, mais leur forme cristalline peut être déterminée, leurs clivages et leurs mâcles reconnus. Le microscope fait apercevoir dans les minéraux des détails de structure qui échappent à tout autre procédé de recherche ; il montre les inclusions, permet d’en