Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 34.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
COMMUNE A L'HOTEL DE VILLE

V.[1]
LES SOLDATS.


I. — LA DELEGATION SCIENTIFIQUE.

Lorsque les soldats français s’emparèrent de l’église de Saint-Eloi dans la matinée du 28 mai, il n’était que temps ; elle commençait à flamber. La porte en boiserie d’une chapelle était en feu, on s’empressa de l’éteindre, et l’on reconnut alors que des barils de poudre, des caisses de cartouches, des touries de pétrole symétriquement placés dans la nef, étaient reliés par des torches en étoupe, des traînées de poudre mêlée de dynamite, de résine et de fleur de soufre. Si cet incendie n’avait été arrêté, le quartier sautait On visita les cryptes de l’église ; on y avait versé, à vrac, une telle quantité d’obus qu’il fallut plusieurs jours au service du génie et de l’artillerie pour en débarrasser l’église. Le même jour, lorsqu’à Ménilmontant on pénétra dans les sous-sols de Notre-Dame-de-la-Croix, on y ramassa six bonbonnes et trois cent quatre-vingts bouteilles de pétrole, dix mille mètres de mèches incendiaires et six gargousses de dynamite. On est tenté de croire qu’une telle accumulation, d’engins destructeurs était un dépôt ; cependant le 19 mai l’église avait été réquisitionnée par Louis-Auguste BM porteur d’un ordre de la commune ; ce B. avait dit : « Nous allons faire ici

  1. Voyez la Revue du 15 mai, du 1er et du 15 juin et du 1er juillet.