rachetant par exemple 100,000 livres à telle compagnie qui l’avait payée 6,000 certaine ferme d’où l’on calcule qu’il a été extrait depuis pour 12,000,000 sterling de diamans. De l’occupation à l’annexion il n’y avait qu’un pas, et en dépit des réclamations de l’état d’Orange, qui prétendait que le district exploité par les mineurs faisait partie des terres qu’il avait autrefois acquises d’Adam Kok, le pays des Griquas occidentaux fut déclaré colonie britannique en 1872. Cette annexion venait au bon moment. Quelques mois auparavant une dame, en se promenant aux environs du district exploité sur une petite colline dite le Colesberg, avait nonchalamment découvert la plus riche de ces mines africaines en faisant sauter un diamant avec la pointe de son ombrelle, et le rush avait pris une nouvelle vivacité. Depuis lors le gouvernement anglais n’a pas eu à se repentir de cette annexion ; par le mouvement commercial qu’elle a créé, par la progression constante des droits de douane perçus sur le pays des Griquas, elle a été pour la colonie du Cap une source de prospérité, en même temps qu’elle a permis à l’Angleterre de jeter dans le monde un surcroît de richesses dont la meilleure part est restée à ses nationaux.
C’est donc une bonne affaire ; eh bien, là encore le succès a été modéré. L’entreprise a été poussée avec une tiédeur relative. Nous allons peut-être étonner notre lecteur en lui apprenant que les points exploités du Griqualand se réduisent à quatre, tous voisins les uns des autres, et renfermés dans une même circonférence qui ne mesure pas plus de deux milles et demi. Comme il est évident que ce n’est pas à une surface aussi restreinte que s’arrêtent les champs diamantifères, et que depuis 1872 le chiffre des points exploités n’a pas augmenté, il faut en conclure que ni la terre n’a été fouillée, ni le pays inspecté avec autant d’ardeur qu’on aurait pu l’espérer. Un certain feu sacré a manqué ; les diamans du Griqualand n’ont pas eu le privilège d’exciter cet enthousiasme de convoitises, cette fièvre d’imagination et cette folie d’illusions qui sont l’âme de pareilles entreprises. Que ce rush africain est resté loin du rush australien ou californien 1 Tandis que les chercheurs d’or se sont comptés par centaines de mille, les chercheurs de diamans se comptent par maigres milliers. Il y a en tout 15,000 blancs dans le Griqualand occidental, et sur ces 15,000 il y en a plus de la moitié qui y sont venus plutôt dans l’espoir de bénéficier des travailleurs que de travailler eux-mêmes. Comme San-Francisco a dû sa rapide croissance aux placers californiens, comme Ballaarat est sortie des diggings australiens, une ville nouvelle, Kimberley, est née de cette recherche des diamans ; mais cette capitale du Griqualand ne saurait se comparer aux deux précédentes cités avec ses 18,000 habitans dont plus de la moitié n’appartient pas à la population blanche ! Kimberley est cependant une ville d’une originalité unique,