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manufactures étant encore inconnues dans ces deux colonies, et les chemins de fer n’existant qu’à l’état de projets dans la première et à l’état de tronçons dans la seconde. Hors des frontières du Transvaal, à Tatin, au nord du Limpopo, dans les régions où sévit la cruelle mouche tzetze, meurtrière aux bestiaux, de l’or fut découvert en 1867 par un certain explorateur du nom de Mauch, et depuis cette époque, d’année en année, la présence de ce roi des métaux a été constatée sur une foule de points de la même région et du Transvaal même. Tout l’outillage nécessaire à l’exploitation des mines, machines à broyer le quartz et autres, a été transporté à grands frais dans ces localités aurifères, on y a attiré nombre d’habiles mineurs de provenance européenne, et cependant l’entreprise a eu un insuccès complet. L’or n’a pas eu dans l’Afrique australe la puissance magique qu’il a le privilège d’exercer d’ordinaire sur les hommes de toute couleur et de toute condition, il n’y a pas réussi comme en Californie et en Australie à créer ces immenses déplacemens de population, sortes de croisades matérialistes, qui ont reçu le nom très significatif de rushes. Sans rush cependant, c’est-à-dire sans affluence, M. Trollope le remarque avec justesse, pas d’exploitation possible des mines d’or, ou du moins pas de moyens d’engager assez énergiquement l’affaire pour la rendre fructueuse. Voulez-vous savoir la valeur totale de l’or récolté en quatre années, de 1873 à 1876, sur les différens points où la présence de ce métal a été reconnue dans le Transvaal et hors du Transvaal ? Elle s’élève à la somme dérisoire d’un peu plus de 47,000 livres sterling, somme, dit M. Trollope, qui serait certainement insuffisante pour couvrir les frais de transport et de mise en œuvre de l’exploitation. Le cuivre, quoique encore peu exploité relativement au nombre des gisemens répandus sur tout le territoire de l’Afrique australe, donne de meilleurs résultats. Dans le pays des petits Namaquas, la mine de Ookiep, attaquée depuis 1852, rend annuellement plus de 10,000 tonnes de 21 quintaux chacune d’un minerai qui passe pour excellent ; il est vrai que jusqu’à présent elle est la seule qui rende des bénéfices, et que toutes les autres entreprises du même genre ont été invariablement suivies de mécomptes.

Telle serait à peu près la situation matérielle des colonies sud-africaines, si le hasard ne leur avait pas donné il y a quelques années leur richesse la plus originale avec la découverte des champs de diamans. Lorsque Candide et Cacambo, dans le cours de leurs voyages riches en expériences médiocrement favorables à la nature humaine, visitèrent le pays d’Eldorado, ils virent, à leur grand émerveillement, les petits drôles de la contrée qui jouaient au palet avec des pierres précieuses et des cailloux d’or. Pareille aventure arriva en 1867 à un boer du nom de Van Niekerk, qui, étant en visite