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charme de Cléopâtre, nous dit que ce qui était vice chez les autres, les prêtres mêmes rappelaient chez elle divine sainteté. Le Zoulou est donc une manière de gentleman noir, et il en a les mœurs comme l’élégance. De toutes les races de l’Afrique australe, c’est celle a qui le travail répugne le plus. Quoique les colons de Natal n’aient pas d’autres serviteurs qu’eux, ils travaillent le moins possible, le moins longtemps possible, et choisissent de préférence les occupations les moins pénibles. Ils sont domestiques, gens de service, grooms et commissionnaires plus volontiers que garçons de charrue ou pionniers, au grand désespoir des agriculteurs qui se plaignent de manquer de bras, et demanderaient volontiers que les blancs leur appliquassent le régime du kraal, c’est-à-dire les soumissent au travail forcé, car chez les Zoulous, comme chez les Cafres et autres indigènes, le chef a le pouvoir d’ordonner le travail à ses hommes, et il les prête aux colonies pour les entreprises de travaux publics, routes, chemins de fer, moyennant une redevance de tant par tête à son profit. Dans tout ce qui nous est raconté d’eux, tant par M. Trollope que par lady Barker, qui n’a pas eu d’autres serviteurs pendant son long séjour en Natal, nous ne surprenons aucune marque de bestialité sauvage, ni aucune tendance aux vices bas de l’esclavage. Ils sont les plus tendres des bonnes d’enfans, les plus fidèles des domestiques et les plus complaisans des hommes de peine. Jamais un Zoulou n’a rien volé, et leur réputation d’honnêteté est si bien établie que les colons ne prennent aucune précaution contre leurs convoitises possibles. Tant de qualités ont cependant leur revers, et ce revers est un défaut qui, relevant simplement de la physiologie, ne peut être imputé à reproche aux pauvres Zoulous, quoiqu’il soit de ceux qui enlèvent d’ordinaire toute envie de rendre justice aux gens, c’est, paraît-il, une odeur de noir accusée d’une manière plus offensante que chez aucune autre tribu africaine et à laquelle ne peuvent rien les soins de toilette les plus méticuleux de leur dandysme.

C’est encore aux boers que les colonies de l’Afrique australe doivent d’avoir fait connaissance avec les Betchuanas, nom générique qui, comme celui de Cafres, embrasse une infinité de peuplades fractionnées en tribus, lesquelles sont à leur tour subdivisées en familles plus petites, et dont le territoire s’étend à l’ouest du Transvaal jusqu’au désert de Kalahari. Quelques-unes seulement de ces tribus se trouvent engagées dans les affaires des colonies africaines, les Bapedis, les Souazies, les Tongas dans celles du Transvaal, les Baralongs et les Basoutos dans celles de l’Orange et du Cap. Cette dernière, de beaucoup la plus considérable, — elle ne comprend pas moins de 178,000 âmes, — est aussi la plus célèbre par ses longues guerres avec l’état d’Orange et par ses malheurs