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Nous voyons dans tous leurs détails et heureusement répartis les services qui assurent la direction et facilitent les opérations d’une grande entreprise financière. Le double sous-sol, les étages au nombre de quatre, et les combles ont leurs plans particuliers qui concordent au point de vue de la construction générale, et qui varient au point de vue des distributions. Au fond rien ne semble avoir été asservi à une conception qui ne soit née du sujet. Est-ce à dire que cette manière de procéder ait nui à l’édifice, qu’il en soit résulté quelque sécheresse dans ses formes, et que l’art ait lieu de se plaindre de la logique ? Il n’en est pas ainsi, et l’on peut s’en convaincre. L’architecture du Crédit lyonnais est d’un aspect élégant et digne, les détails en sont fins et pleins de goût ; l’expression de l’édifice est juste. Impossible qu’on s’y trompe. Ce n’est pas un hôtel destiné à recevoir des étrangers et encore moins l’habitation d’un particulier, c’est une maison faite pour une administration, maison largement ouverte et bien défendue, dans laquelle les allées et venues sont à la fois libres et réglées, et où la lumière pénètre partout. Et c’en est assez : car, lorsqu’il s’agit de son expression, l’architecture doit rester dans les hautes généralités ; elle aurait tort de viser au symbolisme.

A notre avis, M. Bouwens van der Boyen a fait preuve d’un grand talent, et d’ailleurs il n’en est pas à ses débuts. Pour la manière de satisfaire aux programmes qui lui sont donnés, il n’a plus à faire sa réputation. Rappelons qu’en 1875 la Société centrale d’architecture lui a décerné l’un des prix qu’elle a institués pour les constructions privées : distinction flatteuse, puisqu’elle émane de confrères qui portent haut le double sentiment de l’art et de la dignité professionnelle. Un architecte qui lui-même fait école par la manière excellente dont il s’entend à distribuer jusqu’aux maisons les plus modestes, à leur donner des proportions élégantes et à les décorer avec goût, M. Lesoufaché, a fondé ces prix qui sont à la fois des récompenses et un avertissement : ils honorent des mérites qui autrement risqueraient d’être méconnus, et ils indiquent que l’art, quelles que soient ses applications, maintient ses droits.

L’un des derniers lauréats de la Société a été M. Ch. de Lalande, à qui l’on doit le joli Théâtre des Nouveautés dont tout Paris connaît le confortable et l’agrément. C’est justement ce théâtre qui a obtenu l’approbation des juges, et les études qui ont servi à sa construction, plans, élévations et coupes, figurent à l’exposition et prouvent aussi combien M. Ch. de Lalande est un dessinateur habile. Parmi les projets de maisons et d’hôtels que nous trouvons au Salon il y en a qui sont peut-être destinés à recevoir la même distinction. S’adressera-t-elle cette année à l’hôtel que M. Ricquier élève à