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remarquables. Son travail offre une suite de beaux dessins, d’une facture élégante et légère, et d’un coloris fin.

Quel regret pour nous de devoir nous borner et de ne pouvoir parler ici que des principaux parmi les projets de restauration qui sont exposés cette année ! Ce n’est donc point par méconnaissance de leur mérite que nous ne ferons que mentionner de M. Darcy une monographie de l’église de Mézières-sur-Brenne, de M. Danjoy une restauration de l’église de Guarbec, et de MM. Sauvageot, De Laroque, Dussire et Louzier d’excellentes études. Ces projets, qui sont généralement complétés par des vues perspectives, témoignent de recherches incessantes, de découvertes, d’infiniment de savoir et de talent. Nous aurions eu plaisir à les décrire avec quelque détail. Ils appartiennent à un ordre de travaux qui est digne d’une estime particulière ; ils constituent de plus en plus l’immense monographie de l’art monumental de la France au moyen âge.

Mais quels sont ces édifices aux formes étranges, qui procèdent pour ainsi dire par entassemens et dont la perspective se détache sur le désert ou sur le cours des fleuves ? Ce ne sont point des caprices de l’imagination ; c’est aussi l’évocation de monumens qui ont existé. L’entreprise ne tient rien de l’École de Rome ni des Monumens historiques, ces riches officines de restaurations. Là résident en effet les traditions et la vie qui vient d’une première impulsion vigoureuse et persistante ; là aussi existent les ressources qui soutiennent l’effort des travailleurs. En dehors de cette double action officielle, n’est-il pas remarquable de voir des esprits studieux, amoureux de l’art, entreprendre à leurs propres risques et rien qu’avec leur courage de vastes restaurations ? Tel est le cas de M. Chipiez. Déjà l’an passé on avait remarqué de cet artiste, érudit et modeste, des dessins dans lesquels il présentait une solution très plausible pour l’éclairage des temples hypètres. Cette année il s’adresse à une antiquité plus mystérieuse : il tente de montrer lecteurs à étages de l’ancienne Assyrie. En voici quatre types parfaitement distincts. Pour le premier, l’auteur met à la fois à contribution les ; ruines de Khorsabad et de Kouyoundjick, et le texte d’Hérodote et de Diodore de Sicile. Fort de ces autorités, l’édifice qu’il nous présente est une tour quadrangulaire composée de sept étages inclinés dont chacun a sa couleur, noire, jaune, rouge ou bleue. Une rampe conduit au sommet sur lequel se dressent des statues, des colosses d’or. Ce n’est pas le temple du dieu, mais le centre d’une enceinte sacrée qui contient différens monumens. Un bas-relief du Musée Britannique a fourni les élémens du second type : une lourde tour à trois gradins repose sur Un soubassement formé