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militaire n’agit pas autrement. Tous les ans, au mois d’août, elle se met en route et revient seulement au commencement d’octobre, après avoir examiné dans un certain nombre de villes désignées d’avance les candidats de province, auxquels on évite ainsi des déplacemens et un séjour onéreux à Paris. Or veut-on savoir de combien de membres se compose cette commission ? De cinq membres, auxquels sont adjoints, pour le classement des copies, un nombre égal de correcteurs. Ces cinq membres suffisent amplement à leur tâche et la recommencent chaque année sans fatigue. Il ne saurait d’ailleurs être question, hâtons-nous de le dire, de substituer dès à présent et par une mesure d’ensemble le jury d’état aux jurys de facultés. Cette solution s’imposera sans doute un jour, car elle est commandée tout à la fois par la justice et par l’intérêt de notre enseignement supérieur, lequel aspire à être déchargé d’une besogne un peu fastidieuse, où il perd, au moins à Paris, le meilleur de son temps. Mais dans l’état actuel des choses, les partisans du jury d’état n’ont pas tant d’ambition. Ils se déclareraient satisfaits, si la loi à intervenir donnait aux élèves des établissemens d’enseignement supérieur libre la faculté de se présenter à leur choix devant un jury d’état, dont la composition serait réglée par le conseil supérieur, ou devant les jurys de facultés actuels. On cherche un terrain de transaction et de rapprochement pour tous les esprits modérés de la chambre et du sénat : le voilà trouvé. Le jury d’état sauvegarderait également les droits de la puissance publique et ceux de la liberté. C’est à ce titre qu’il avait séduit les hommes dont nous invoquions tout à l’heure l’autorité et qu’il rencontrera, nous en avons le ferme espoir, de nombreux défenseurs dans le parlement.

Ainsi, pour nous résumer, sur les deux premiers articles du projet, pas d’objection fondamentale : la nécessité de la restitution de la collation des grades à l’état ne fait pas question pour nous. Seulement auprès des jurys de facultés, dans un intérêt de justice et de bonne administration, pour donner satisfaction aux légitimes susceptibilités de l’enseignement libre et pour soulager en même temps les membres de l’enseignement public, nous souhaiterions qu’on établît des jurys d’état, au lieu et place des jurys mixtes.

Malheureusement le projet de M. Ferry ne se borne pas à cette reprise de possession des droits de l’état, et nous retrouvons dans les autres dispositions qu’il consacre le même esprit d’intolérance, le même mépris de la justice que précédemment. L’article 3, qui n’a l’air de rien, par exemple, a tout simplement pour but de ruiner les établissemens d’enseignement supérieur libre. Aux termes de cet article, les élèves de ces établissemens sont tenus de prendre