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II.

René de Rohan s’éprit d’une jeune veuve qui porte un nom célèbre dans les annales des religionnaires. Catherine de Parthenay, héritière de la maison de Lusignan, fille de Jean de Parthenay-L’Archevêque, seigneur de Soubise et d’Antoinette d’Aubeterre, était née le 22 mars 1554, au château de Parc-Soubise en Poitou. Jean L’Archevêque, cinquième du nom, seigneur de Soubise, avait épousé Michelle de Saubonne[1], dame d’atours de la reine Anne et gouvernante de Renée de France, depuis duchesse de Ferrare. Il en avait eu trois filles et un fils.

Ce fils, Jean de Parthenay-L’Archevêque, sixième et dernier du nom, seigneur de Soubise, a pris place dans l’histoire avec les Coligny et les La Noue. Il avait épousé en 1553 Antoinette Bouchard d’Aubeterre, « dame tenue pour un mirouer de chasteté entre celles de son temps. « Il en eut un fils qui mourut jeune et une fille, Catherine de Parthenay, née le 22 mars 1554, au Parc, en Bas-Poitou. Jean L’Archevêque, l’aïeul maternel du célèbre duc de Rohan, mérite de nous occuper quelque temps. M. Jules Bonnet, à qui l’histoire du protestantisme français est déjà si redevable, a tout récemment publié les Mémoires de sa vie[2], qui, suivant toute apparence, ont été rédigés par le mathématicien François Viète, qui fut le précepteur et l’ami de Catherine de Parthenay, la mère de Rohan.

Soubise, c’est ainsi que nous l’appellerons, naquit quelques mois seulement après la mort de son père; sa mère, quelque temps gouvernante de Renée de France, encore enfant, se retira ensuite de la cour et s’en vint avec ses trois filles et son jeune fils à sa maison du Parc-Soubise[3]. Elle y éleva ses enfans, leur fit apprendre les langues grecque et latine et les instruisit dans la nouvelle religion.

Mme de Soubise resta au Parc jusqu’au moment du mariage de Renée de France avec Hercule d’Este, duc de Ferrare. La princesse voulut qu’on lui rendît sa première gouvernante et lui demanda de la suivre en Italie. Mme de Soubise emmena à Ferrare deux de ses filles et son jeune fils. Elle demeura huit ans dans cette ville.

  1. « Elle fut femme fort estimée, tant pour sa sagesse que pour son entendement et grande conduite en affaires; Budœes lui rend ce témoignage. Elle avait dès lors cognoissance de la vraye religion et y instruisit tous ses enfans. » (Mémoire généalogique, rédigé par Catherine de Parthenay, 16 pages in-folio. Collection de M. Benjamin Fillon.)
  2. Mémoires de la vie de Jean de Parthenay-L’Archevêque, sieur de Soubise, avec une préface et des notes, par Jules Bonnet. Paris, 1879.
  3. En Vendée, commune de Monchamp; le Parc-Soubise n’est plus qu’une ruine.