Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 33.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
414
REVUE DES DEUX MONDES.
LA
LIBERTE D'ENSEIGNEMENT

I.
LE DROIT PUBLIC.

C’est toujours un spectacle affligeant que celui d’un grand pays condamné par une sorte de fatalité à ne jamais faire un pas en avant sans être aussitôt ramené en arrière. Ces alternatives d’action et de réaction déréglées révèlent une mobilité de caractère et d’impression, un défaut d’équilibre et surtout une absence d’esprit public peu compatibles avec le progrès des institutions et des idées. Le véritable progrès, celui qui dure et qui résiste, ne va pas ainsi par soubresauts et par bonds ; il est d’allure plus grave et plus mesurée; sa marche est lente, insensible, mais, ce qu’il a conquis pied à pied, il le garde. Une fois établi dans une position, il s’y retranche et défie tous les assauts. C’est ainsi qu’après s’être élevés par un effort persévérant et réfléchi au plus haut degré de liberté politique qu’un peuple ait jamais atteint, les Anglais s’y sont tenus avec la ténacité qui est le propre de leur race. Ils ont vu, comme nous, de sombres jours où tout semblait à la fois les abandonner : leur confiance dans la vertu de leurs institutions n’en a pas été ébranlée; comme nous, ils ont traversé de redoutables crises : leur constance ne s’est jamais lassée; jamais, même au milieu des plus