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REVUE LITTÉRAIRE

I. Histoire de Montesquieu, d’après des documens nouveaux et inédits, par M. Louis Vian, 1 vol. in-8o ; Paris, 1878, Didier. — II. Œuvres complètes de Montesquieu, annotées par M. Édouard Laboulaye, membre de l’Institut, 7 vol. in-8o ; Paris, 1873-1879, Garnier.

Il y a vingt-cinq ans déjà que Sainte-Beuve, parlant un jour de Montesquieu, se plaignait, avec une apparence de raison, que parmi tant de livres d’histoire et de littérature qui viennent de mois en mois ajouter à l’encombrement des bibliothèques, il n’existât pas encore d’histoire de la vie et des ouvrages de l’auteur des Lettres persanes et de l’Esprit des lois. En effet, Montesquieu n’avait pas rencontré son biographe. Nous avions des histoires de la vie et des ouvrages de Molière et de La Fontaine, de Bossuet et de Fénelon, nous en avions de la vie et des ouvrages de Voltaire et de Rousseau ; sur le seul Montesquieu nous n’avions que les panégyriques « philosophiques » de Maupertuis et de d’Alembert, avec cela quelques détails anecdotiques épars dans les correspondances et les mémoires du XVIIIe siècle, des notices biographiques en tête de ses Œuvres complètes, plusieurs éloges littéraires, en somme rien de complet, qui pût satisfaire ce que nous appelons les exigences de la critique moderne. Cependant la matière semblait belle, et le sujet paraissait inviter l’historien, l’œuvre étant des plus originales qu’il y ait en aucune langue et l’homme étant de ceux qu’il est le plus facile de respecter en l’admirant. C’est évidemment cette lacune de notre, histoire littéraire que M. Vian a voulu combler en donnant l’année dernière son Histoire de Montesquieu.

On a mené quelque bruit autour de cet ouvrage ; M. Laboulaye, de l’Académie des inscriptions, y a mis une préface, et l’Académie française a couronné l’historiographe. Je crois même, d’autre part, avoir entendu comparer le livre de M. Louis Vian aux livres devenus en quelque façon classiques de M. de Loménie sur Beaumarchais et son temps ou de M. Desnoiresterres sur Voltaire et la société au XVIIIe siècle. La comparaison