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chargé par le général Custine de s’aboucher avec lui ; l’autre du major Zastrof, annonçant au général Doyré que le roi de Prusse avait bien voulu consentir à l’entrevue demandée, à la condition qu’elle aurait lieu en présence de deux officiers prussiens. Pensant qu’il s’agissait d’une communication importante, le conseil de défense crut devoir accepter cette entrevue et désigna pour y assister Rewbel, commissaire de la convention, le général Doyré, le chef de Brigade Dazincourt et Kléber.


« Le citoyen Boos, en ouvrant la conférence, déclara qu’après les échecs De Dumouriez, le général de Custine désirait renforcer son armée de la garnison de Mayence ; qu’en conséquence il invitait le commandant à prendre ses mesures pour venir le rejoindre. Comme cette étrange proposition était faite en présence des majors prussiens, le citoyen Rewbel ne put se dispenser de répondre que nous avions des lois qui réglaient notre conduite en cas de siège, qu’en qualité de commissaire de la convention nationale son devoir lui commandait impérieusement d’en réclamer l’exécution ; que, si cependant il y avait matière à une négociation générale, il était prêt à entrer en conférence avec le roi de Prusse, et que, plein de confiance dans sa loyauté, il se rendrait dans tous les lieux qui lui seraient indiqués pour cet effet. Le général Doyré ajouta : « Pour moi, je suis un soldat, je ne puis qu’obéir à la loi et me défendre ; j’ai une brave garnison et j’espère que nous nous comporterons de manière à mériter l’estime même de nos ennemis. » Les citoyens Rewbel et Doyré ayant fait part le même soir au conseil de guerre de ce qui s’était passé à l’entrevue, il y fut décidé unanimement que c’était le cas de passer à l’ordre du jour. »


Le 26 avril, le général Kalkreuth envoya de nouveau à Doyré un officier français lui apportant, disait-il, de la part de Custine l’ordre de rendre la place et de venir le rejoindre avec toute la garnison. Le conseil de défense refusa d’obtempérer à cet ordre du général en chef, malgré la certitude où il se trouvait de ne recevoir aucun secours prochain. Les mois d’avril et de mai se passèrent en escarmouches ; le 30 mai, les assiégés, sous la conduite de Kléber, firent une sortie générale sur Marienbronn et parvinrent jusqu’au quartier général où ils faillirent s’emparer du roi de Prusse ; mais, accablés par le nombre, ils durent rentrer dans la place en laissant un millier d’hommes sur le terrain. Dans une seconde sortie, faite dans la nuit du 24 au 25 juin, Kléber culbuta l’ennemi et encloua ses canons, mais sans obtenir d’autre résultat.

Cependant la situation devenait de plus en plus difficile pour les assiégés, exposés à un bombardeme.it continu, aux horreurs de la famine et au découragement produit par les nouvelles alarmantes sur la situation intérieure que, suivant une habitude qu’ils n’ont