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arrivée aussi peu confortable, alors qu’il serait si facile de leur procurer un accostage commode sur la rive même de l’Océan, à Royan, d’où ils gagneraient Paris en quelques heures.

La localité que nous venons de nommer possède un port d’échouage qu’il est question de compléter par une petite rade, en construisant une nouvelle jetée. Ce travail est compris dans le classement général des ouvrages maritimes, qui vient d’être soumis aux chambres par le ministre des travaux publics. Il offrirait incontestablement des facilités suffisantes au va-et-vient des bateaux à vapeur riverains, et assurerait un meilleur refuge aux chaloupes des pilotes et aux bateaux remorqueurs. Mais, fondé par des eaux peu profondes, en un point que sa trop grande proximité de la conche sablonneuse des bains expose à un fatal ensablement, cet établissement maritime ne saurait servir utilement à la grande navigation, ni fournir une station aux bateaux transatlantiques. C’est un simple port de cabotage que l’on créerait au prix de dépenses relativement considérables, sans qu’il soit permis d’espérer d’autres recettes que celles que peut donner le trafic local. Mais en se transportant à moins d’un demi-kilomètre de la ville, on trouverait de grandes profondeurs d’eau au pied même des falaises, où il serait possible de construire une gare maritime dans d’admirables conditions d’accès du côté du large, et de relations avec la voie ferrée du côté de la terre.

Ce n’est pas le lieu d’examiner ici le côté technique de la question ; nous ne pouvons que signaler à l’attention publique l’emplacement cité plus haut. Abrité de la plus grosse mer par le rocher de Cordouan, il est au point de jonction de deux grandes passes menant de la Gironde à la mer, de telle sorte qu’il se trouve sur la route directe des navires, quel que soit le point du large d’où ils atterrissent. S’il est trop exigu pour la création d’un vaste port de refuge, il est parfaitement approprié à l’escale que l’on fournirait aux paquebots en fondant parallèlement à la falaise une digue qui en serait distante de 200 mètres environ. Les courans de marée entretiennent en ce point une grande profondeur d’eau, à toucher le rivage même, si bien que c’est la situation la plus convenable pour une gare maritime qui se puisse trouver de Brest à Bayonne, sur notre côte occidentale si dépourvue de havres naturels. Nous n’étudierons pas non plus ici le coût de l’entreprise ; qu’il suffise de dire que la dépense atteindrait à peine la valeur d’un seul des précieux navires dont il s’agit de garantir la sécurité d’accostage. Le naufrage de la Louisiane, perdue avec sa riche cargaison, a englouti plus de millions qu’il n’en faudrait pour la fondation de ce môle. Les recettes d’un tel établissement seraient assurément à la hauteur de