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années dans toutes les branches de notre haut enseignement. On pouvait craindre en effet que les événemens intervenus durant cette période, dans l’ordre politique aussi bien que dans l’ordre scolaire, n’eussent en quelque mesure justifié les espérances des ennemis de l’université. Les fluctuations parlementaires d’une part, la loi de liberté votée par l’assemblée nationale en 1875 de l’autre, pouvaient avoir eu de fâcheux effets dont le gouvernement avait le devoir de se préoccuper, et qu’en tout cas il lui appartenait de constater. La lecture de la statistique de l’enseignement supérieur est heureusement faite pour dissiper ces appréhensions. Sans être de tous points satisfaisante, la situation qu’elle nous révèle est cependant meilleure qu’on ne devait le supposer. Grâce aux libéralités des chambres, d’importantes améliorations ont été réalisées ; la plupart des services dépendant de la direction de l’enseignement supérieur ont vu leurs crédits augmentés ; d’utiles créations de chaires, de facultés et même d’écoles ont été faites. Bref, de sérieux résultats ont été poursuivis et obtenus.

Il serait superflu de rechercher ce qui, dans cette œuvre collective, revient en propre à chacun des quinze ministres de l’instruction publique qui depuis 1870 ont exercé le gouvernement de l’Université ; mais on ne sera que juste en payant un tribut d’éloges à l’habile et infatigable administrateur qui a pris une si large part à ces travaux. Ce n’était pas une tâche facile que de suivre un plan régulier de réformes à travers les régimes les plus divers et de perpétuels changemens de personnes. Il fallait compter avec les susceptibilités des uns, l’inexpérience des autres, surtout avec la mobilité des événemens. M. Du Mesnil a doublé tous ces obstacles avec une adresse et un tact supérieurs. Sans froisser personne, en dépit de la surveillance un peu jalouse dont il était l’objet, il a su faire prévaloir les idées dont il s’était constitué le défenseur et continuer la tradition qui lui avait été léguée. La statistique de l’enseignement supérieur n’est signée que d’un nom ; à vrai dire, elle en devrait porter deux : celui du ministre[1] et celui de son collaborateur, et c’est bien le moins qu’au début de cette étude nous les fassions figurer l’un à côté de l’autre.


I

La statistique de 1868 formait un gros volume in-octavo d’environ huit cents pages où se trouvaient les renseignemens les plus complets sur les attributions de chacun des groupes de fonctionnaires, sur le nombre des chaires et sur renseignement propre à chacune d’elles ; sur le nombre des inscriptions trimestrielles et

  1. M. Bardoux.