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de nommer aux évêchés et aux abbayes, que ses prédécesseurs en avaient joui du consentement du pape et de l’église, et qu’il ne s’en voulait pas dépouiller. Suivant lui, les élections ne se faisaient que par brigues, par factions et par simonie, avant que les rois nommassent aux bénéfices. Prenant occasion de ce que l’évêque du Mans avait dit du progrès de l’impiété et de la nécessité d’y mettre un terme pour conjurer la colère de Dieu, Henri IV, après avoir assuré le clergé de ses bonnes dispositions et de son désir de faire cesser les maux à lui signalés, opposa aux doléances de l’évêque des critiques assez mordantes qu’on trouve rapportées dans les procès-verbaux de l’assemblée générale de 1595. Il dit « qu’il était bien certain que Dieu était courroucé contre le royaume pour nos fautes et dérèglemens, mêmement pour les désordres qui étaient en l’église, lesquels n’avaient commencé de son temps et depuis son avènement à la couronne, mais longuement auparavant ; qu’ils étaient accrus et augmentés par ces dernières guerres, desquels il rejette la faute principale sur les ecclésiastiques. » Puis, ayant assez amplement discouru « des malheurs et ruines que les guerres avaient apportés en ce royaume, et comme elles y avaient donné entrée et admis l’étranger, ce qui entretenait la guerre, dont il donna la faute et en accusa comme principaux auteurs lesdits ecclésiastiques ; » le roi dit après « que le mauvais gouvernement de la plupart en leurs charges avait été cause des désordres, les blâmant du peu de devoir qu’ils faisaient, ayant peu de soin de l’honneur de Dieu, de l’instruction du peuple et du gouvernement spirituel de ceux qui leur étaient commis en charge, pensant plutôt à leur intérêt et commodités particulières, à se donner du bon temps, et à leurs plaisirs et voluptés, dépensant en cela les biens et revenus de l’église, et ne s’acquittant pas mieux du gouvernement de leurs bénéfices que les gentilshommes et personnes laïques qui en jouissent, que même aux distributions des bénéfices qui étaient de leurs collations, ils n’avaient guère d’égards à la capacité des personnes, mais les baillaient à qui en offrait le plus ; que ces fautes et autres désordres desdits ecclésiastiques, et leur ignorance, avaient été cause de la diversité de religions qui s’est introduite en ce royaume et l’y entretient. » Henri IV finit en exhortant les ecclésiastiques à faire ce qui était de leur charge, et « pendant que la noblesse et gens de guerre combattaient les ennemis, qu’ils rebâtissent le temple, se réformant entre eux et montrant les premiers l’exemple de bien faire. »

Cette mercuriale humilia fort l’évêque du Mans, qui dut avouer que le clergé avait beaucoup à se reprocher. Il ajouta que c’était précisément pour porter remède aux désordres rappelés par le roi que le clergé s’était assemblé et sollicitait l’intervention de