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nettement établir leurs droits, avaient peu auparavant adressé un Mémoire à l’assemblée où ils lui proposaient un moyen de trouver de l’argent : il s’agissait de faire face au paiement des rentes par l’aliénation de certaines parties des biens du clergé ; mais les députés avaient rejeté la proposition, en objectant qu’outre le préjudice qui résulterait de l’application d’une telle mesure pour l’église et pour le culte, leurs procurations y étaient formellement contraires. C’est sur ce refus que le parlement se fonda pour rendre l’arrêt que réclamait la municipalité parisienne. Le sieur de Castille vint en toute hâte à l’assemblée lui apprendre qu’il avait été appelé devant le parlement, à la requête du prévôt des marchands et des échevins ; cette cour lui avait enjoint de présenter l’état des décimes pour 1595 et signifié qu’examen fait de ses comptes il aurait à bailler 100,000 écus pour un quartier des rentes de la ville, assignées sur le clergé, et cela dans un bref délai, sauf à lui à faire ensuite les diligences, et que, faute de se rendre à la décision de la cour, il serait constitué prisonnier. Castille ajoutait que MM. de la ville s’efforçaient de leur côté de faire ordonner que leur receveur fût autorisé à délivrer des rescriptions sur les receveurs provinciaux et particuliers des décimes, rescriptions que lui, Castille, serait tenu de prendre d’eux pour argent comptant. Le pauvre receveur général suppliait le clergé de venir à son aide en cette rencontre, mais les députés ne se laissèrent pas toucher par sa triste position, et tandis que les pourparlers allaient leur train au sujet des demandes du roi, le parlement, à l’instigation du prévôt des marchands et des échevins, continuait ses poursuites contre le receveur général ; on voulait le contraindre à payer ce qui était dû pour les rentes des années 1594 et 1595. L’assemblée décida qu’elle enverrait une supplique au roi, pour en obtenir que défense fût faite au parlement de connaître des affaires du clergé concernant l’Hôtel de Ville. Mais cette cour, qui voulait pousser les choses à l’extrême, rendit son arrêt définitif contre Castille dans les termes mêmes qu’avait sollicités la municipalité parisienne. Elle le condamnait à payer 24,000 écus. Le malheureux receveur général vint une seconde fois implorer l’appui de l’assemblée ; il lui demanda de supplier le roi qu’empêchement fût mis à l’exécution de l’arrêt, auquel il ne pouvait obéir, n’ayant point dans sa caisse les 24,000 écus dont il était déclaré débiteur. Prise de corps fut décrétée contre lui par le parlement, et l’on vint pour l’arrêter. Castille fit un nouvel appel à l’humanité de l’assemblée, lui demandant de se porter caution pour lui, afin qu’il ne fût pas mis en prison. Les députés restèrent sourds à sa prière ; ils ne consentirent même pas alors à solliciter humblement du roi que le parlement ne connût pas de l’affaire du receveur général, et ils se