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Le pays le plus profondément malade pourrait bien être en ce moment l’Angleterre., Heureusement ce malade a la constitution robuste et saura se tirer d’affaire ; mais ce ne sera pas sains de vigoureux efforts, car plusieurs organes importans du mouvement économique sont affectés, et le bien-être général en souffre sensiblement. Aussi la « détresse du commerce et de l’industrie » est-elle devenue un article stéréotypé dans les journaux du royaume-uni. Les opinions sont assez pessimistes. Il y a un an, le cri : « Nous consommons notre capital ! » eut un grand retentissement, et nous ne savons si, dans la discussion qui s’est élevée sur cette question, les optimistes ont eu le dessus. On avait été frappé de la décroissance de l’exportation en présence d’une importation croissante ; la différence, qui était de 40 millions sterling en 1872, s’est successivement accrue jusqu’à 142 millions en 1877. Pourra-t-on longtemps encore acquitter un pareil solde annuel (3 milliards 500 millions de francs) ! On a beau parler, disait-on, des immenses capitaux anglais placés à l’étranger et dont les produits paient une partie de ces différences, on a beau atténuer l’autre partie en portant au crédit de l’Angleterre les frais de transport gagnés par sa puissante marine et même exagérer ses profits, la décroissance de l’exportation restera un fait brutal dont il faudra reconnaître la signification. Le royaume-uni vend positivement moins de ses produits : en 1873, relativement à 1872 la diminution était de 89 millions de francs ; en 1874, comparativement à 1873, elle est de 331 millions ; en 1875, la réduction atteint 400 millions, en 1876 même 620 millions, et la décroissance continue. Si l’on additionne ensemble ces réductions successives et si l’on ajoute 67 millions pour l’année 1877 et 150 millions pour 1878, on trouve une perte totale de 1 milliard 597 millions, ce qui ramène l’Angleterre d’au moins dix années en arrière. Les profits ont diminué, mais les besoins sont restés. Ici aussi il faudra revenir à des habitudes plus simples et réduire ses prétentions, hélas ! aussi les salaires ; mais la transition ne s’opère pas sans frottement ; le Times a compté en 1878 244 grèves, dont 3 seulement ont réussi, en 1877 il y en avait eu 177 avec à peu près le même insuccès. Parmi les industries intéressées, les deux plus importantes sont les fers et les cotons, elles valent bien qu’on s’y arrête un moment.

L’industrie des fers est une des gloires du royaume-uni. Des centaines de mille d’ouvriers sont occupés a extraire le minerai, à le