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permet de les classer suivant la fortune : des habitans ; dans les maisons pauvres, le sol était couvert de toile pulvérisée et battue de manière à lui donner la consistance du ciment ; dans celles d’un ordre intermédiaire, on employait des briques de différentes formes ; dans les maisons riches, le ciment et les briques étaient remplacés par des mosaïques. Les fragmens de mur que l’on a découverts démontrent que ces constructions étaient faites de cette maçonnerie que les Grecs appelaient pseudisodumum, et les romains ; incertum, et qui était composée de toute sorte de pierres agglomérées confusément et reliées entre elles par un ciment que l’on recouvrait ensuite par un enduit auquel le frottement donnait une très grande dureté et un poli susceptible de recevoir des peintures à l’encaustique. La fresque était tellement dans le goût des anciens que tous les édifices d’une certaine importance et la plupart des maisons particulières en étaient couverts à l’intérieur ; presque tous les débris de murs retrouvés à Tauroentum en conservent des traces, et on a pu y reconnaître une très grande variété de dessins, des arbres, des serpens, des animaux, des fleurs dont les couleurs avaient conservé une certaine vivacité.

En dehors de l’enceinte de la ville, des amoncellemens de poteries brisées laissent supposer que là devait se trouver le quartier du céramique, que nous appellerions aujourd’hui, les tuileries, et où se fabriquaient les tuiles, les briques et tous les objets usuels en terre cuite dont les anciens faisaient un si grand usage. On y retrouve notamment un nombre considérable de briques triangulaires arrondies sur un de leurs côtés et présentant exactement la forme d’un secteur de cercle ; la réunion de quatre de ces briques formait le cercle complet, et constituait alors un disque d’une épaisseur de 7 à 8 centimètres ; on superposait ces disques, empilés les uns au-dessus, des autres, et on obtenait ainsi des colonnes de construction très rapide et dont l’usage était très répandu, dans les édifices gréco-romains, notamment dans les sous-sols, les liypocaustes et les salles de bains.

Les ruines éparses qu’on a pu mettre au jour en dehors de l’enceinte de la ville ont même permis de constatée des détails fort intéressans de la vie antique. Presque toutes ces ruines appartiennent vraisemblablement à des villas ou à des bâtimens agricoles qui ont été, à l’époque de la prospérité de Tauroentum, en pleine exploitation. Ces bâtimens étaient en général chauffés d’une manière toute particulière : des tuyaux en briques, mettaient en communication : le sous-sol avec la pièce principale située du côté du midi, et on ne saurait en douter à la vue des débris de conduits rectangulaires engagés dans l’épaisseur du mur, tapissés de briques noircies qui ont conservé les traces très visibles de l’action de la fumée