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trente ans de stériles agitations. Mais les événemens qui ont ébranlé l’Orient en 1877-78 ont eu un contre-coup naturel en Grèce, d’où l’agitation politique semblait bannie.


II

Les nations modernes se sont toutes plus ou moins inspirées de l’Athènes antique dans leurs institutions et leurs mœurs publiques. La Grèce nouvelle, en modelant son organisation sur celle des états de l’Europe, a pour ainsi dire repris son bien. Les Grecs ont le suffrage universel, l’égalité entre tous les citoyens, le service obligatoire, le jury pour toutes les causes, y compris les procès politiques et les procès de presse. La Grèce est une monarchie constitutionnelle et représentative. Le pouvoir exécutif appartient au roi inviolable et à ses ministres responsables ; le pouvoir législatif est exercé par une seule chambre, le pouvoir judiciaire par des juges inamovibles. Le royaume est divisé en treize départemens sous l’autorité de préfets, subdivisés en un certain nombre d’arrondissemens administrés par des sous-préfets. Les communes nomment leur maire parmi les membres du conseil municipal, également élus par les communes. Chaque arrondissement élit un ou plusieurs députés, — un député pour dix mille électeurs. La Grèce a une cour des comptes, quatre cours royales, treize tribunaux de première instance, deux cents justices de paix, dix chambres de commerce. Les codes sont empruntés au droit romain, au droit français, au droit byzantin et au droit bavarois. — L’armée est divisée en trois bans : l’armée active, forte de 18,000 hommes ; la réserve de l’armée active, forte de 18,000 hommes ; le second ban de la réserve, qu’on évalue à 15,000 hommes. Tout Grec doit le service militaire de dix-huit à vingt-sept ans. Il sert trois ans dans l’armée active et six ans dans les deux bans de la réserve. L’infanterie, habillée à l’européenne, sauf deux bataillons d’élite qui portent la veste, la foustanelle et les jambières des vieux pallicares, est armée du fusil Gras. L’artillerie a des canons du système Krupp. A côté de l’armée proprement dite, la Grèce possède une gendarmerie de 1,800 hommes et une garde nationale d’environ 120,000 hommes. La garde nationale est organisée par commune dans tout le royaume, avec des officiers subalternes nommés à l’élection, et des officiers supérieurs nommés par le pouvoir central. En cas de mobilisation, elle passe sous les ordres du ministre de la guerre et est soumise aux lois militaires. Cette milice, formée d’hommes jeunes, — de vingt-huit à trente-cinq ans, — robustes, sobres, bon marcheurs, et presque tous habitués au tir du fusil, serait un sérieux appoint à l’armée. — La flotte se compose