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l’assemblée de 1635. Louis XIII interdit ce système et exigea l’élimination d’un des deux élus. Ne parvenant pas à supprimer l’assemblée générale quand elle le gênait, le roi s’attacha au moins à réduire le nombre des députés qui devaient siéger, car outre que les réunions plus nombreuses donnaient lieu habituellement à des débats plus agités, elles cédaient moins à la pression qu’on cherchait à exercer sur elles. Malgré le mauvais vouloir que la couronne laissa percer à plusieurs reprises envers l’assemblée du clergé, elle en reconnut maintes fois hautement l’utilité. Louis XV s’exprimait ainsi en 1735 lorsqu’il convoquait les mandataires de cet ordre : « La permission que les rois nos prédécesseurs et nous avons accordée depuis longtemps au clergé de notre royaume de s’assembler pour donner moyen à ceux qui le composent de délibérer de leurs affaires ayant toujours produit beaucoup d’avantages au bien de notre service et du bon gouvernement de cet ordre, nous voulons leur accorder cette même grâce dans le temps accoutumé. » A l’aide des décisions que prirent en différentes conjonctures les assemblées à la demande du roi, celui-ci fit accepter au clergé des mesures qui sans elles n’auraient pu que difficilement être imposées. Ce fut particulièrement le cas pour des questions qui touchaient à la discipline ecclésiastique et à l’ordre spirituel, car les assemblées du clergé ne tardèrent pas à en connaître. Devenues périodiques, ces assemblées se substituèrent tout naturellement aux synodes nationaux, quoiqu’elles n’eussent été instituées que pour décider des points touchant aux intérêts purement temporels de l’église gallicane. Les rois encouragèrent cet empiétement sur les attributions des conciles de réunions élues uniquement dans le principe pour fixer le montant des décimes, car les conciles ne pouvaient être convoqués que par l’autorité du pape, qui exerçait toujours sur leurs délibérations une direction prépondérante ; cette direction s’était fait plus que jamais sentir au concile de Trente. Les assemblées du clergé, au contraire, n’avaient besoin d’autre autorisation que de celle du monarque, et, convoquées pour prononcer sur des intérêts purement gallicans, elles échappaient davantage à l’influence romaine. Aussi Louis XIV chercha-t-il dans ces assemblées des auxiliaires lors de sa lutte avec le saint-siège, et il cessa d’avoir recours à leur autorité spirituelle quand il se trouva en communion de vues avec le pape. Comme c’est la tendance naturelle des assemblées politiques de vouloir étendre leurs attributions, les assemblées du clergé entrèrent aussi d’elles-mêmes dans cette voie. Le colloque de Poissy, qui avait été leur point de départ, n’offrait-il pas déjà un caractère mixte et ne participait-il pas du synode, tout en demeurant à d’autres égards la simple chambre ecclésiastique des états-généraux de Pontoise ? Des questions d’ordre purement spirituel et touchant à la discipline