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coup d’état. L’abbé de Saint-Vincent, qui n’entendait pas s’associer au nouveau département des décimes que Berland prétendait faire de sa propre autorité, écrivit aux diverses provinces ecclésiastiques pour se plaindre de la violence du procédé, et leur envoya une protestation imprimée où l’on demandait la prompte convocation d’une assemblée générale du clergé. Berland, qui se prétendait toujours agent et que Richelieu ne cessait de mettre en avant, fit opposition aux actes de l’abbé de Saint-Vincent. L’affaire fut portée devant le conseil, qui cassa l’opposition de celui-ci, aussi bien que celle de l’abbé de Saint-Vincent, et rendit un arrêt qui ordonnait que les protestations des deux compétiteurs seraient supprimées, et les ajournait personnellement, eux, aussi bien que les imprimeurs. Défense était faite en même temps par le conseil aux agens de convoquer une assemblée générale sans la permission du roi. Le conflit entre les deux agens dura jusqu’à la réunion de l’assemblée à Mantes, dont je parlerai par la suite, et cette assemblée refusa de recevoir Berland, qu’elle tenait pour un intrus, et confirma l’élection des abbés d’Hugues et de Grignan ; en sorte que malgré tous les efforts de Richelieu pour dépouiller en cette circonstance les provinces de leur droit, force resta à l’assemblée.


III

Pour faire connaître les assemblées du clergé, je dois maintenant parler de la manière dont elles étaient élues et de la tenue de leurs séances.

Dès le principe, les élections des députés à l’assemblée du clergé se firent par provinces ecclésiastiques, à la différence des élections des députés des trois ordres aux états-généraux qui se faisaient par généralités. On appelait province ecclésiastique l’ensemble des diocèses placés sous un même métropolitain. Toutefois certains diocèses qui appartenaient à des gouvernemens plus récemment annexés ou qui ne relevaient pas de métropolitains français ne prenaient point part à ces élections. Tel était le cas, au siècle dernier, pour les diocèses de Besançon, Strasbourg, Metz, Toul, Verdun, Arras, etc., et ce ne fut qu’exceptionnellement que quelques-uns des prélats placés à leur tête furent appelés dans les assemblées, ce qui eut lieu notamment à celle de 1682. En chaque diocèse se tenaient des assemblées dites diocésaines, composées des bénéficiers auxquels appartenait le droit électoral. C’étaient aussi les seuls bénéficiers qui pouvaient être élus députés d’une des seize provinces ecclésiastiques entre lesquelles se partageait l’église de France proprement dite. Le nombre des députés n’avait point été à l’origine arrêté d’une manière bien précise. L’assemblée de