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contenta de la signature des ministres et des commissaires délégués par le conseil royal. Cette forme de l’engagement pris par le clergé envers la couronne permettait d’insérer les clauses qui devenaient pour lui la garantie que les obligations qu’il s’imposait ne dépasseraient pas les bornes qu’il entendait leur fixer. C’est ainsi qu’il stipulait qu’il n’y aurait pas de solidarité entre les diocèses pour les sommes auxquelles chacun d’eux serait taxé, que l’église ne supporterait pas les non-valeurs. Mais la condition essentielle et fondamentale de ces contrats, celle qui dominait toutes les autres et ne fut jamais oubliée, c’est que le clergé n’était obligé qu’autant qu’il continuerait à jouir de son temporel. A côté de ces conditions formelles, il y en avait pour l’observation desquelles le gouvernement royal se contentait de donner des assurances, de bonnes paroles, sauf à ne pas tenir sa promesse une fois les fonds dont il avait besoin obtenus. A cet égard, il en agit le plus souvent vis-à-vis des assemblées du clergé comme il avait agi vis-à-vis des états-généraux ; il leurrait les députés bien plus qu’il ne se rendait à leurs réclamations. Mais, tandis que pour les assemblées plénières de la nation le roi pouvait se dérober aux plaintes provoquées par la non-réalisation de ses promesses, en remettant indéfiniment l’époque d’une convocation nouvelle, pour les assemblées du clergé, il se voyait exposé à de prochaines récriminations, et il lui devenait difficile d’obtenir de nouvelles sommes, un nouveau pacte, sans faire droit en quelque chose aux doléances de la dernière assemblée. C’est ce qui arriva pour la reconnaissance du concile de Trente que depuis le colloque de Poissy, les assemblées ne cessaient de réclamer. En 1579, à l’assemblée de Melun, on avait insisté avec plus de force que jamais sur la nécessité de recevoir dans le royaume les canons de ce concile, qui pouvaient seuls assurer le rétablissement de la discipline ecclésiastique. Arnaud de Pontac, évêque de Bazas, adressa dans ce sens une harangue au roi, et au moment de la clôture de l’assemblée, Nicolas L’Angelier, revenant sur les raisons qu’avait données son collègue, traça, des désordres qui régnaient dans l’église et dont il accusait l’immixtion du pouvoir séculier, un tableau désolant. Henri III répondit qu’il en délibérerait à loisir, et il gagna ainsi du temps. Henri IV, son successeur, ne procéda pas autrement en pareille circonstance. Mais, quoique la couronne fût encouragée dans ses refus mal déguisés par le parlement, elle dut céder à la longue. Les assemblées du clergé eurent gain de cause après un demi-siècle de plaintes et de remontrances, et remède fut ainsi porté à de nombreux abus ; toutefois ce fut au prix d’une partie des libertés de l’église gallicane. Devenu, grâce au concile de Trente, moins dépendant du roi, le