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ami du roi, qui vint en France chargé de missions importantes et qui a payé de onze ans de captivité cet acte du plus généreux dévoûment. »

Ainsi, au dire de son principal collaborateur et complice, le général Malet conspirait avec MM. de Puyvert et de Polignac le rétablissement de la monarchie légitime. L’affaire du 23 octobre n’aurait eu d’autre but que de rendre au roi sa couronne. C’est à cette grande entreprise que Malet aurait noblement sacrifié sa vie. Si ce témoignage ne paraissait pas suffisant, on pourrait encore citer celui d’un homme qui joua dans la conspiration de 1808 un rôle assez important avec Demaillot et Bazin et qu’on n’accusera pas d’avoir voulu rabaisser Malet, dont il avait été l’ami et dont il reste l’admirateur. Comme l’abbé Lafon, Lemare donne au mouvement de 1812 une couleur exclusivement royaliste. Il va même plus loin ; il attribue le même caractère à la première conspiration Malet : « Jour immortel du 23 octobre, s’écrie-t-il en un passage d’une brochure qu’il publia sous la restauration, tu éclaires de ta lumière celui du 29 mars 1808. Oui, vous étiez parfaitement semblables ; vous renfermiez les mêmes élémens ; vous mûrissiez les mêmes fruits, la paix, le retour de la liberté et celui des Bourbons. »

Telle était l’impression des hommes que le général avait le plus directement associés à ses projets, telle était, pourrait-on dire, l’opinion généralement acceptée par les contemporains, par le gouvernement de la restauration, enfin par les familles elles-mêmes de ceux qui, comme le général Guidal, avaient trempé dans la conspiration. Le fait est établi par plusieurs textes dont il semble difficile de contester la gravité. C’est ainsi qu’on peut lire aux Archives nationales (F 7. 6499) trois lettres de Paul Guidal et de sa mère, la veuve du général, où l’affaire du 23 octobre est présentée comme une entreprise royaliste.

« Monseigneur, écrit au ministre de l’intérieur le jeune Guidal, le fils cadet de l’infortuné général Guidal ose faire parvenir à votre excellence ses justes réclamations. Lorsque mon malheureux père fut victime à Paris avec les généraux Malet et Lahorie pour son dévoûment à l’auguste famille des Bourbons, les agens de la police, non contens de se saisir des effets et autres papiers de ce général, s’emparèrent encore de son portrait en miniature… » (suit une réclamation touchant ce portrait et une demande d’emploi.)

« Sire, écrit de son côté Mme Guidal à sa majesté Louis XVIII le Désiré, roi de France, la dame Marie-Marthe Bernard, veuve Guidal, a l’honneur de vous exposer que le sieur Guidal, son mari, a servi pendant quinze ans dans les dragons sous le règne de Louis XVI, votre auguste frère. Au commencement de la révolutionna crainte de compromettre sa famille le retint en France, où il fut forcé de suivre la