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auxiliaires, presque toute la garnison de Pylos, s’apprêtent à soutenir les huit cents hoplites.

Démosthène partage ces diverses troupes en groupes de deux cents hommes et leur fait occuper les hauteurs. Ainsi appuyés, les huit cents hoplites se rangent en bataille. Les Spartiates cependant ont eu le temps de se reconnaître. Ils marchent indignés contre les hoplites immobiles qui leur font face. Quelle troupe jusqu’ici a osé attendre de pied ferme les hommes d’armes de Sparte ? Une grêle de pierres, de traits et de javelots accable ces fiers soldats, brise leurs boucliers ou perce leurs cuirasses de feutre. Les Spartiates s’arrêtent étonnés ; ainsi nos bataillons ployèrent aux plaines de Metz sous une artillerie trop puissante. Les hoplites athéniens n’ont pas bougé encore ; ils laissent aux troupes légères le soin de leur préparer la victoire. Déjà les Lacédémoniens ont fait des pertes sensibles. Épitadas, leur chef, commande la retraite ; les Spartiates reculent, formés en rangs serrés. La bande des chacals descend alors des collines qu’elle couvre et se précipite sur leurs pas. Elle les suit de loin sans se hasarder à les joindre ; elle les suit, hurlant et glapissant, jusqu’au centre de l’île. Là se développe un long retranchement derrière lequel les hoplites se retirent. Une fois à l’abri de cette enceinte, ils ont repris tout leur avantage ; poulies forcer, il faudra les attaquer corps à corps. La majeure partie de la journée se consume dans des assauts infructueux. N’y a-t-il donc personne dans l’armée de Démosthène qui veuille tenter de tourner la position ?

Des Messéniens se présentent ; les plus acharnés de tous, ils connaissent en outre la configuration intérieure de l’île. Chose digne de remarque, ce sont les troupes les plus solides qui se gardent généralement le moins bien. Anglais, Turcs, Spartiates ont souvent montré sous ce rapport la même négligence ; on les a vus, en mainte occasion, se laisser tourner avec une facilité déplorable. Non moins fermes que les Anglais à Inkermann, les Spartiates ont pris racine dans le sol ; ils écartent d’un seul rugissement toute la troupe qui se rue contre eux ; mais, pendant ce temps, les Messéniens ont fait un long détour et longent les escarpemens de l’île. Les soldats d’Épitadas n’ont pas prévu un pareil mouvement ; nulle vedette n’a été placée en arrière. Les Messéniens achèvent paisiblement leur circuit et couronnent, inaperçus encore, les hauteurs. Tout à coup un trait vole et vient tomber, du sommet de la colline qui domine le camp, au milieu des hoplites. C’est le signal, le mouvement tournant a réussi. Des acclamations de joie frénétiques répondent des rangs athéniens au cri de guerre des soldats de Messène, et soudain tout s’ébranle. Les uns montent de nouveau à la