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le vit pendant toute la durée de la guerre civile au Mexique, « un sergent-major qui vous indiquât les sonneries. » — Un sargento mayor que me indica los toques, disait, m’a-t-on assuré, Ortega. Avant de commander les armées, Cléon prit sans hésitation le timon de l’état en main. Chaque jour on l’entendit « célébrer du haut du Pnyx la puissance d’Athènes et afficher un profond mépris pour celle de Lacédémone. » C’est ainsi que l’on donne du courage aux peuples. Le peuple athénien avait plus que jamais besoin qu’on lui en inspirât, car les circonstances devenaient critiques. La mort de Périclès devait être le signal des défections. La ville de Mytilène, dans l’île de Lesbos, leva la première l’étendard de la révolte. Un frémissement général se produit à l’instant dans l’Archipel. La diversion est des plus favorables à la cause de Sparte. Les Péloponésiens le comprennent ; ils rassemblent dans l’isthme les deux tiers de leurs contingens et caressent déjà le projet d’attaquer Athènes par terre et par mer. Les vaisseaux seront traînés à travers l’isthme sur des rouleaux ; on les fera passer ainsi du golfe de Corinthe dans le golfe d’Égine. L’escadre athénienne de Naupacte n’aura plus à surveiller qu’un port vidé.

Ce sont de beaux projets ; les Péloponésiens ont compté sans l’activité d’Athènes. Quarante vaisseaux athéniens sont déjà partis pour Lesbos, d’autres gardent l’Eubée, Potidée, Salamine. Sans détourner un seul navire de sa mission, la république trouve encore le moyen d’expédier cent trières devant l’isthme. Les citoyens, « la paille des citoyens, » les métèques, se sont enrôlés en foule. Deux cent cinquante navires montés par cinquante mille hommes au moins occupent les eaux grecques et maintiennent dans le devoir les colonies de l’Asie ionienne. Au temps de leurs plus grands efforts, quand le continent n’avait qu’un maître, — et ce maître se nommait Napoléon, — les Anglais n’ont jamais mis plus de cent vingt mille marins ou soldats de marine sur pied. Toute proportion gardée, Athènes fit encore mieux. Le trésor de l’Acropole cependant peu à peu s’épuise. La solde élevée des rameurs, celle des hoplites qui reçoivent 1 fr. 80 cent, par jour, — 90 centimes pour l’hoplite, autant pour son valet, — ne permettront pas de soutenir longtemps cet immense armement. Quand on dépense près d’un million et demi de francs par mois et qu’on n’a que quatre millions de revenu annuel, on doit être impatient d’arriver à une solution. Aussi les Athéniens pressent-ils vivement Mytilène. Il leur a été facile de tenir en respect les Péloponésiens rassemblés dans l’isthme ; ils ne peuvent empêcher Alcidas de se dérober avec quarante-deux vaisseaux à la vigilance de l’escadre de Naupacte. Alcidas fait le tour du Péloponèse, il touche à Myconi, il aborde à Délos, il s’arrête à Nicarie ;