Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le musa ensete est un arbuste de la famille des palmiers dont les feuilles toujours vertes et toujours renouvelées mesurent 1 mètre de large sur 8 de long ; il abonde chez les Gallas ; les indigènes tirent des racines une sorte de farine dont ils se nourrissent, en outre les énormes côtes de ces feuilles incomparables fournissent des fibres très solides qu’ils tressent à la main pour en faire des cordes. On le trouve dans l’Argoba, même sur les sommets ; à Aramba par exemple, ancienne ville des rois de Choa, la montagne en est presque couverte. En cet endroit, le printemps est pour ainsi dire éternel et les broussailles ne sèchent jamais.

Dans ses visites aux forêts de Fekrié Gumb, de Gougouf et de Guiderach, le voyageur remarqua une foule d’arbres, hauts de plus de 50 mètres, presque aussi forts au sommet qu’à la base et qui semblaient venus d’un seul jet ; les essences les plus diverses étaient là réunies : le genévrier, l’ébénier, le tamarin, le baobab, le mimosa, etc. De beaux singes à manteau blanc, nommés goreguias, sautaient et se poursuivaient parmi les branches avec une agilité prodigieuse ; M. Arnoux en fit abattre plusieurs pour avoir la peau, leurs poils mesurent 4 ou 5 centimètres dans les parties noires et plus de 25 dans les parties blanches. Sur les versans des montagnes, dans des plis de terrain profonds où les rayons du soleil ne pénètrent jamais, on rencontre des oliviers de haute futaie. L’olivier est l’idole des Gallas non convertis ; il vit là-bas à l’état sauvage, toujours vert, toujours en travail, portant d’un bout d’année à l’autre et des fleurs et des fruits ; du reste le produit en est complètement perdu. Très souvent aussi il est recouvert d’une sorte de plante parasite, assez semblable à l’orseille, qui l’enveloppe complètement et l’épuisé. Lorsque les indigènes ont besoin de bois, c’est à l’olivier qu’ils s’attaquent de préférence parce qu’il brûle mieux, aussi les forêts commencent-elles à s’éclaircir.

Les arbres à gomme de toute espèce occupent dans les kollas ou terres chaudes un espace considérable ; mais cette richesse se perd comme beaucoup d’autres. L’élève du ver à soie, introduite dans ces régions, donnerait également de beaux revenus ; en choisissant deux endroits à des altitudes différentes, l’un dans les terres basses et l’autre sur les plateaux, on pourrait suivre parallèlement deux éducations et obtenir double récolte à l’année. Ce procédé est déjà employé pour les abeilles ; on les change de lieu, selon la saison, pour qu’elles produisent davantage ; on recueille ainsi d’énormes quantités de miel ; du reste les Éthiopiens en mangent peu, ils le réservent pour faire du tedj. Le tabac pourrait être excellent, mais on le cultive d’une façon toute primitive et la préparation n’en est pas moins défectueuse que la culture.

Si de la flore on passe à la faune, que d’animaux variés ! Parmi