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richement pourvues sous ce rapport, l’énumération, même fort abrégée, des ressources dont elles disposent, nous entraînerait beaucoup trop loin. Mais il convient de faire ici une place à l’association rhénane comme étant de toutes la plus ancienne et la plus puissante.

Fondée en 1848, cette association relie entre elles les villes de Cologne, Aix-la-Chapelle et Dusseldorf pour dès festivals qui, tous les ans à la Pentecôte, durent trois jours et attirent alternativement dans chacun de ces centres un public nombreux. Des exécutans sévèrement choisis parmi les artistes et les amateurs les plus distingués des trois villes et d’autres localités environnantes, comme Bonn, Barmen et Elberfeld, se consacrent pendant le temps nécessaire à l’étude d’œuvres désignées à l’avance par un comité spécial. Chanteurs et instrumentistes se réunissent à diverses reprises pour des répétitions partielles, et enfin pour les répétitions générales deux ou trois jours avant la fête, dans la ville même où elle doit avoir lieu. Ces répétitions sont déjà de vrais concerts auxquels il est permis d’assister moyennant une faible rétribution. Le public peut ainsi se familiariser avec des œuvres importantes qu’il est bon d’entendre plusieurs fois pour les mieux apprécier. D’un autre côté, les maîtres de chapelle, les compositeurs allemands ou étrangers invités à la fête et qui veulent se former ou s’instruire trouvent là, partitions en mains, un sujet d’études et un échange d’observations mutuelles qui fixent le sens de l’interprétation des maîtres et constituent une tradition intelligente et sûre.

On comprend l’intérêt qu’offrent de pareilles réunions. Des œuvres longues et difficiles à exécuter avec les seules ressources de chaque ville peuvent être rendues dans leur intégrité en groupant le personnel musical des trois cités. Ce personnel ne se compose point, comme chez nous, de choristes rétribués, exécutans de hasard rassemblés pour une fois, manquant la plupart de l’éducation musicale la plus élémentaire ; ce sont de vrais musiciens, préparés de longue main à leur tâche, hommes ou femmes appartenant à toutes les classes de la société, qui viennent s’asseoir sur les mêmes bancs, réunis par un même amour de l’art. Les solistes, jaloux et fiers de se produire dans de pareilles conditions, ont été triés parmi les cantatrices ou les premiers sujets des théâtres allemands. Aux pupitres de l’orchestre et modestement confondus avec les artistes locaux, on peut voir des virtuoses venus de tous les points de l’Allemagne, ainsi qu’en témoigne la liste complète du personnel insérée au livret. Ce livret, qui donne le programme de la fête, est précédé d’un historique sommaire des festivals précédens et d’indications critiques puisées aux meilleures sources, sur les œuvres qui seront exécutées. Dans cette rapide revue, on remarque un grand nombre de compositions de Händel : des psaumes, des oratorios tels que