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M. Darcel termine ainsi :

« Si nous reproduisons ces lignes, ce n’est pas pour le vain plaisir de nous répéter, mais afin de prouver à ceux qui nous trouveraient trop indulgents pour les délégués de la commission que nous rendions justice à leurs intentions, même à ce moment où nous étions encore évincés par eux de notre poste au musée. »

M. Maxime Du Camp, qui écrit sept années après la publication de cet article, devait nécessairement en avoir connaissance. Pourquoi n’y a-t-il pas puisé des l’enseignements ? Il avait en outre à sa disposition les déclarations du conservateur, dont le logement était situé rue de l’Université, et dont il n’a pas cité le nom, mais que je ne crains pas de nommer parce que j’ai toujours rendu hommage à sa noble conduite, et d’ailleurs M. Darcel avait lui aussi cité son nom à maintes reprises. Voici comment, dans sa déclaration écrite à l’officier faisant fonction de juge d’instruction, s’exprime M. Barbet de Jouy :

« Le mois dernier, M. Héreau s’est présenté à moi au Louvre ; il m’a appris qu’il était recherché par la justice militaire et m’a demandé mon témoignage. Je lui ai fait observer que j’aurais à déposer de faits bien graves ; je lui ai « rendu justice à lui-même pour les égards et le respect qu’il a toujours eus pour moi et sans lesquels je n’aurais pas pu accomplir le devoir qui m’était tracé. »

A l’audience, M. Barbet de Jouy a renouvelé cette déposition verbalement, et à une question du président si j’avais demandé une attestation, une grâce quelconque, il a répondu que j’étais trop fier pour cela.

Ces déclarations faites à la justice sous la foi du serment se passent de commentaires, elles sont la seule réponse que je doive faire aux accusations que mon honneur m’oblige à relever. Les lecteurs de la Revue des Deux Mondes peuvent déjà voir que M. Du Camp n’était pas suffisamment renseigné quand il dit que a seul je donnais des ordres, ordres fort incompréhensibles du reste et qui consistaient à mettre les scellés tantôt sur une porte, tantôt sur une autre, quitte à les briser immédiatement après pour les remplacer de suite. »

De quel document digne de foi M. Du Camp peut-il appuyer son appréciation, il se garde bien de le dire.

Quand, à propos de l’arrestation des gardiens par le docteur Pillot, il dit « que les délégués interpellés par un conservateur ne savaient que répondre, » il ignore que cette conversation n’a eu d’autre témoin que M. Barbet de Jouy et moi, il ne peut donc savoir que non seulement j’ai répondu que nous ne dénoncerions pas sa présence, mais qu’encore je lui ai reproché d’avoir eu un instant ce soupçon ; que notre conduite précédente envers lui témoignait assez en notre faveur ; que n’ayant pu opposer la force à la force, nous étions cependant prêts à faire tous nos efforts pour que les gardiens fussent rendus à la liberté et pussent reprendre leur service au musée. En effet, sur une réclamation écrite par moi, adressée à la mairie du 1er arrondissement, ces hommes nous furent rendus sains et saufs le lendemain. M. Maxime Du Camp ne dit pas que M. Barbet de Jouy s’excusa d’avoir pu nous soupçonner, et qu’il me donna la main comme il le fit encore le jour où nous quittâmes le Louvre sous sa protection.

Pourquoi M. Maxime Du Camp ne fait-il pas mention de la pièce suivante signée de moi et transcrite par M. Darcel dans son article :