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la Seudre partait avec cent hommes d’infanterie de marine placés sous le commandement de M. le colonel Gally-Passebosc. Cet officier avait ordre de prendre la direction des opérations dans l’arrondissement d’Ourail, mis en état de siège. Pendant ce temps, la Vire, commandée par M. le capitaine de frégate Rivière, trouvait à Uaraï un télégramme lui donnant l’ordre de prendre le commandement du poste de Térembo, qui, cerné par les Canaques, se trouvait dans une situation difficile. Le commandant Rivière fit descendre à terre sa compagnie de débarquement, et les Canaques, à sa vue, détalèrent. Les camps de condamnés, situés entre Bouloupari et Païta, reçurent l’ordre de se replier sur ce dernier point ; des troupes d’infanterie occupèrent le poste de la Dumbéa ; la canonnière le Perrier, expédiée dans la baie Gadji, détacha vingt hommes qui occupèrent Païta. Ce n’est pas tout. Le Beautemps-Beaupré partait avec une compagnie pour renforcer les petits postes de la côte est. De son côté, la Seudre, déjà revenue de Uaraï, se remettait en route ayant à son bord la compagnie de débarquement du Tage ; le commandant de la Seudre la laissait à Tomo, allait mouiller à Bouraké, et envoyait de là un détachement occuper Bouloupari. Le commandement des deux postes de Tomo et de Bouloupari était donné au capitaine de frégate don, et l’arrondissement de Bouloupari mis en état de siège.

Au moment où une agitation inquiétante se manifestait dans les tribus non encore soulevées, le gouverneur reçut du chef de l’arrondissement de Canala, M. le lieutenant de vaisseau Servan, une dépêche consolante. M. Servan offrait de se mettre à la tête des tribus de Gelima et de Caké, de franchir la chaîne centrale et de venir tomber sur les insurgés d’Uaraï. Le colonel Gally-Passebosc était alors à Fouwari ; le gouverneur accepta l’offre de M. Servan, et le lendemain la jonction de ce dernier avec M. Passebosc s’opérait. L’acte de courage de M. Servan mérite d’être signalé. Il s’est trouvé seul pendant vingt-quatre heures à la tête de deux cents guerriers canaques. En agissant ainsi, cet officier a enlevé les indigènes de Canala à des excitations dangereuses ; il nous a procuré des auxiliaires qui nous ont déjà rendu de grands services : il a fait mieux encore, il les a compromis en leur ordonnant de brûler des villages et de combattre. L’un des chefs de ces tribus amies a même été blessé dans une rencontre, avec les tribus que commande Ataï. Le Beautemps-Beaupré, après avoir déposé cinquante hommes à Canala et cinquante à Uaïlu, se rendit aux bouches du Diahot, où il mit à terre sa compagnie de débarquement.

Le 30 juin, tous ces mouvemens étaient exécutés ; la situation s’améliorait déjà, et les appréhensions se calmèrent beaucoup