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transportation, la population devint moins nerveuse et moins effrayée. En premier lieu, on fît rentrer des travaux tous les forçats qui se trouvaient à l’île Nou. Les déportés n’eurent plus l’autorisation d’abandonner les limites de la déportation. Informés par les mouvemens de la rade et la rumeur publique de ce qui se passait au dehors, ils demandèrent des armes et la liberté de courir sus aux Canaques. On comprend que le gouverneur dut s’y refuser. Ils parurent en éprouver un vif regret ; néanmoins ils promirent de se tenir tranquilles plus que jamais, et de ne donner aucun sujet de plainte pendant tout le temps que durerait la rébellion. Jusqu’ici les déportés ont tenu leur promesse. Cent trente Canaques, qui se trouvaient dans la ville et qui auraient pu, le cas échéant, faire cause commune avec les insurgés, causèrent un instant beaucoup de craintes ; ils furent envoyés sans bruit, un par un, à l’île Nou. Plusieurs de ces Canaques opposèrent une résistance qui fut bientôt réprimée. Il a été décidé que ces indigènes ne rentreraient en ville que lorsque l’insurrection serait étouffée, et que la police urbaine ne serait plus faite que par des indigènes des îles Loyalty.

La ville fut gardée en avant de la presqu’île, dans son plus grand étranglement, par M. le chef de bataillon Maussion de Candé, et trois compagnies disponibles. Pendant la nuit, ces compagnies étaient renforcées par les corps des volontaires formés au chef-lieu même. Les employés et les fonctionnaires, quelques libérés sur lesquels on pouvait compter, reçurent des armes et formèrent un peloton à part. Deux autres compagnies furent composées avec l’élément civil, qui avait demandé à garder la ville pendant que les troupes se rendraient sur les lieux où éclatait la révolte. Quarante citadins et squatters, habiles cavaliers, pourvus d’excellens chevaux, s’offrirent pour établir un service d’éclaireurs ou d’estafettes en cas de rupture des fils électriques. Leurs services furent acceptés avec un vif empressement. Leurs patrouilles, leur apparition soudaine au milieu des Canaques révoltés, ont fait merveille. MM. Boutan, Moriceau et de Sonneville commandent ces hardis volontaires.

Un instant, le bruit se répandit que les tribus du Mont-d’Or s’étaient révoltées ; on parla aussi du soulèvement des guerriers de Houaïlou et de Ponnérichouen, de l’assassinat commis dans ces territoires sur un M. Schmidt. Heureusement ces rumeurs furent reconnues fausses, à l’exception de l’assassinat ; mais ce crime tenait à des causes étrangères à un soulèvement général. Avant d’arrêter ces dispositions, qui s’appliquaient à la défense de Nouméa, le gouverneur avait pris pour l’extérieur d’autres mesures rapidement exécutées. Dès le 25, jour même des premiers massacres de la Foa,