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a donné une sanction, de créer des écoles industrielles, pour le jour seulement (day industrial schools), où les enfans seraient bien tenus d’aller par ordre du magistrat, où ils recevraient la nourriture et l’instruction, professionnelle, mais d’où ils retourneraient coucher chaque soir chez leurs parens. Quant à l’inconvénient de faire retomber sur l’état des dépenses qui incombent en principe aux parens, la loi y a pourvu par une disposition très sage qui autorise le trésor à poursuivre contre les parens le remboursement des sommes qu’a coûté l’éducation de leur enfant lorsqu’ils sont en état d’y faire face. 18,044 livres 17 shillings sont ainsi rentrés dans les caisses du trésor pendant le courant de l’année 1876, et cette mesure salutaire, qui procure à l’état une économie assez notable, contribue également à mettre obstacle aux spéculations coupables des parens qui pousseraient leurs enfans dans la voie du mal, afin d’être déchargés par l’état des frais de leur éducation.

Ainsi pour les petites infractions la prison et le fouet, pour celles qui supposent chez leurs auteurs une perversité plus grande la prison se combinant avec l’éducation correctionnelle pendant un temps qui ne saurait être moindre de deux ans, enfin pour celles qui indiquent des habitudes mauvaises et des conditions d’existence dangereuses l’éducation correctionnelle pour un temps laissé à la discrétion du juge, tel est l’ensemble du système anglais en ce qui concerne les jeunes délinquans, système très judicieusement combiné, mais qui a cependant ses rigueurs et dont on n’envisage qu’un seul côté lorsqu’on le qualifie de système préventif. Avant de rechercher quels emprunts nous pourrions utilement faire à ce système, pénétrons un peu plus avant dans les détails de sa mise en pratique. Il y a en Angleterre et en Écosse soixante-cinq écoles de réforme, contenant à la date de la dernière statistique 5,615 enfans, et cent quatorze écoles industrielles contenant 12,682 enfans, ce qui fait un total de 18,297 enfans répartis entre cent soixante-dix-neuf établissemens. En France, nous avons 9,053 enfans et cinquante-neuf établissemens. On voit tout de suite la double différence qui sépare les deux pays : d’une part, action beaucoup plus énergique (trop énergique même, commence-t-on à dire) de la loi, puisque pour une population moindre l’effectif des enfans détenus est le double, et, d’autre part, répartition de cet effectif en un nombre proportionnellement beaucoup plus grand d’établissemens, ce qui tend naturellement à diminuer l’effectif de chacun. Il y a peu d’écoles de réforme et d’écoles industrielles où le nombre des jeunes détenus dépasse deux cents, et ce sont presque toujours des vaisseaux-écoles. La moyenne n’atteint certainement pas cent.