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De l’installation matérielle de ces écoles de district il n’y a donc que du bien à dire. La seule réserve qu’on pourrait faire est relative au trop grand nombre d’enfans qu’elles contiennent. La moins nombreuse de ces écoles renferme plus de huit cents enfans, et celle de Sutton plus de quinze cents. Cette agglomération, malgré les divisions qu’on s’efforce d’y introduire, doit encore augmenter les difficultés déjà grandes de l’éducation. Voyons donc quels sont, aussi bien dans les écoles de comté que dans les écoles de la métropole, les procédés qu’on emploie pour triompher de ces difficultés. L’éducation des enfans pauvres, quand elle est bien conçue, a deux côtés, le côté intellectuel et moral et le côté professionnel. Le côté intellectuel est assurément l’objet de préoccupations très soutenues ; les matières obligatoires de l’enseignement sont la lecture, l’écriture et le calcul. Les autres matières, l’histoire et la géographie par exemple, y tiennent une place, volontaire en quelque sorte, qui est plus ou moins grande suivant le zèle du maître et l’intelligence des élèves. Parfois cette place est assez petite; ainsi un inspecteur déclare dans un rapport avoir constaté que dans une école les enfans croyaient que les Romains dont il est question dans les épîtres étaient les catholiques romains, et un autre regrette que dans une classe de jeunes filles une seule ait pu lui dire comment on allait d’Angleterre en Espagne. Mais ce ne sont là que des exceptions d’après lesquelles il ne faut pas juger la moyenne de l’enseignement. Cette moyenne est incontestablement plus faible pour les filles que pour les garçons, et cela paraît tenir à l’insuffisance du personnel enseignant. Une femme distinguée qui avait été chargée il y a quelques années d’adresser à ce sujet un rapport au bureau du gouvernement local, mistress Senior, ne paraissait pas s’en inquiéter beaucoup et disait avec raison : « Mieux vaut pour ces jeunes filles acquérir quelques bons principes de cuisine et de raccommodage que de savoir la hauteur des montagnes du globe. » La pensée est juste, mais il ne faut cependant pas la pousser trop loin, et il est à regretter (toujours d’après les rapports des inspecteurs) que dans un certain nombre d’écoles l’enseignement de l’arithmétique se ressente de l’insuffisance des maîtresses chargées de le donner.

Quant au côté moral de cette éducation, je n’ai pas besoin de dire qu’il est très soigné. Un personnel qui m’a paru plein d’intelligence et d’humanité s’y dévoue avec beaucoup de zèle, et la rémunération élevée que touchent les directeurs ou instituteurs des écoles de workhouse dans le district de la métropole, complétée par les agrémens d’une installation très confortable, doit assurément en favoriser le recrutement. C’est l’enseignement religieux qui fait la base