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la mer continue à jeter sur le rivage par la création d’une dune artificielle qu’on appelle dune littorale, qui doit servir d’écran aux dunes déjà fixées. On établit pour cela, parallèlement à la ligne du flot, sur la partie plate qui suit la laisse des hautes mers, une palissade de planches indépendantes les unes des autres, d’une largeur moyenne de 20 centimètres et espacées de 3 centimètres. Le sable déposé par la mer et enlevé par le vent vient heurter cet obstacle et s’accumule à la base; il filtre à travers les interstices ménagés entre les planches de la barrière qu’il charge simultanément des deux côtés en formant un bourrelet qui s’élève sans cesse. Lorsque cette barrière est sur le point d’être engloutie, on relève les planches au moyen d’une chèvre ou d’un levier et l’on reconstitue ainsi l’écran protecteur. Parfois, au lieu de planches, on se sert d’un clayonnage qui produit le même effet. Afin que le vent ait moins de prise, on consolide les pentes de cette dune artificielle au moyen de plantations de gourbets et de tamaris. Tous ces travaux nécessitent l’emploi d’un personnel nombreux et d’un outillage considérable. Il a fallu d’abord bâtir au milieu des terrains à reboiser des maisons forestières pour y loger les gardes qui surveillent les ouvriers, construire des bouveries pour les bœufs qui font les transports, établir des sécheries pour préparer la graine des cônes de pins maritimes, ouvrir des routes pour donner accès aux chantiers, et même sur certains points créer des chemins de fer de service.

Depuis une vingtaine d’années, cette région s’est absolument transformée, grâce aux travaux entrepris par un ingénieur en chef, M. Chambrelent. La couche d’alios a été percée, de larges fossés ont été ouverts pour donner de l’écoulement aux eaux, et les terrains autrefois stériles ont été livrés à la culture. L’exposition agricole du département des Landes est des plus remarquables; sans compter les produits forestiers, elle nous montre des échantillons de vins et de blés qui témoignent de la prodigieuse fertilité du sol une fois qu’il est assaini. Les plantations de plus maritimes faites par l’état s’étendent aujourd’hui sur plus de 70,000 hectares des départemens des Landes et de la Gironde, pour lesquels elles sont une véritable richesse. Dès l’âge de dix ans, les serais peuvent supporter une première éclaircie et sont soumis ensuite à l’opération du gemmage.

Le pin maritime produit une grande quantité de résine avec laquelle on fabrique la térébenthine, la colophane, le goudron, etc., et qu’on extrait en pratiquant sur les arbres des entailles longitudinales appelées quarres. La résine qui s’écoule est recueillie dans un vase placé au pied de l’arbre que le résinier enlève chaque semaine en même temps qu’il vient rafraîchir la plaie. Cette opération ne paraît pas altérer sensiblement la végétation quand on ne fait