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dont les principales sont le chêne rouvre et le chêne pédoncule. Le premier, qui domine dans le centre de la France, dans les Vosges et dans les régions du sud-est, donne un bois propre au sciage et à la fente, se laissant facilement travailler, et recherché pour la menuiserie et l’ébénisterie. Le chêne pédoncule, au contraire, qu’on rencontre surtout dans les forêts du nord et du sud-ouest, produit un bois nerveux, résistant, propre à la charpente et aux constructions navales. Ces deux variétés sont d’ailleurs souvent mélangées, bien que la dernière préfère les plaines et les sols profonds, tandis que le chêne rouvre végète à des altitudes plus élevées et sur des sols moins fertiles. Ce sont ces préférences, au point de vue de la végétation, qui occasionnent sans doute une différence dans les qualités du bois; car lorsque ces deux variétés croissent dans les mêmes conditions de sol et de climat, elles fournissent des produits de qualité équivalente, entre lesquels le commerce n’établit aucune distinction. Exploité en taillis, le chêne donne un bois de feu estimé et un charbon d’excellente qualité.

La quantité moyenne de bois de chêne livrée annuellement à la consommation par les forêts soumises au régime forestier, c’est-à-dire par les forêts appartenant à l’état ou aux communes, s’élève à 2,392,921 mètres cubes, dans lesquels le bois de chauffage entre pour 1,736,837 mètres cubes, le bois de service pour 292,022 mètres cubes et le bois de travail et d’industrie pour 364,062 mètres cubes. Les forêts particulières, sur la production desquelles il est impossible d’avoir des données quelque peu précises, doivent en fournir au moins une quantité double, mais composée pour la plus grande partie de bois de feu.

La marine militaire demande annuellement à nos forêts 7,000 mètres cubes de chêne, dont 4,500 sont livrés directement par l’administration forestière au service des constructions navales, et dont le surplus est acheté par ce dernier aux adjudicataires des coupes; mais cette quantité est insuffisante pour les besoins, car les arsenaux font venir chaque année d’Italie une certaine quantité de bois courbans. La marine marchande et la batellerie prennent aux forêts domaniales ou communales 19,200 mètres cubes, les constructions civiles 164,000 mètres cubes de bois de charpente, les chemins de fer 60,000, l’industrie minière pour étais de mines 41,200. Le sciage et la menuiserie emploient 182,000 mètres cubes, la fabrication du merrain 70,000, celle des lattes et échalas 71,000, le charronnage 23,000, l’ébénisterie 5,000 et les industries diverses 13,000 mètres cubes.

Le sciage du chêne s’effectue, soit sur le parterre des coupes par des scieurs de long, soit par des scieries locomobiles, soit dans des scieries fixes hydrauliques ou à vapeur ; mais le premier de ces