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forêts, et tandis que les unes rapportent 100 francs et plus par hectare, d’autres donnent à peine un revenu de 5 francs. Dans la conservation de Nancy, par exemple, la futaie résineuse rapporte 158 fr. 93 cent, par hectare, la futaie mélangée 73 fr. 53 cent.; le taillis sous futaie, 35 fr. 97 cent., et le taillis simple 13 fr. 45 cent. Il faut en conclure que le régime de la futaie est le seul qui convienne aux propriétaires qui, comme l’état ou les communes, ont une existence indéfinie, et peuvent immobiliser un capital qui doit profiter aux générations successives.

La plantation des terres incultes est une des meilleures spéculations que puisse faire un particulier. Lorsque les travaux sont bien dirigés et exécutés surtout en essences résineuses, ils reviennent à un prix peu élevé et peuvent facilement doubler ou même tripler en quelques années le capital qu’ils ont coûté. Ceux qui se plaignent de ne savoir que faire de leurs épargnes trouveraient là un placement non moins profitable pour eux que pour le pays. Le bois est une marchandise dont on aura toujours besoin, et dont la valeur ne peut que s’accroître, car la France est loin d’en produire ce qui est nécessaire à sa consommation. Chaque année, elle est obligée d’en faire venir du dehors une quantité considérable; en 1876, la valeur des importations de bois communs a été de 202,400, 000 fr., et celle des exportations de 44,400,000 fr.; c’est donc un déficit de 158 millions que nous demandons à l’étranger de combler. Les sciages de plus et de sapins de Suède, de Norvège et de Russie entrent dans ce chiffre pour 95 millions, les merrains d’Autriche et d’Italie pour 62 millions, les bois équarris pour 15 millions, etc. C’est un champ immense ouvert à la production indigène et à l’esprit d’entreprise des capitalistes à la recherche des bonnes affaires.


II.

L’emploi des bois résulte des qualités et par conséquent de la structure du tissu ligneux. C’est en effet de la manière dont les fibres sont juxtaposées que dépendent la facilité de le travailler dans un sens ou dans un autre et la résistance qu’il peut opposer à la traction ou à l’écrasement. Chaque essence ayant une contexture particulière a par cela même des qualités spéciales qui la font rechercher pour certains usages déterminés.

Le chêne, l’arbre gaulois par excellence, est le plus précieux de tous ceux qui croissent dans la zone tempérée. Il entre pour près du tiers dans l’ensemble du peuplement des forêts de la France, car il occupe une surface, autant toutefois qu’on peut se fier aux renseignemens obtenus sur les forêts particulières, évaluée à 2,664,000 hectares. Il présente un assez grand nombre de variétés