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de la facilité qu’elle a d’écouler ses produits dans le bassin de Paris; le chêne y domine, il est exploité en taillis et donne des écorces renommées. Le plateau occidental, de formation granitique, comprenant une partie de la Normandie, la Bretagne et la Vendée, n’a d’autres forêts que celles qui couronnent les sommets des collines. L’humidité et la douceur du climat conviennent admirablement au développement des pâturages qui occupent toutes les parties basses de cette région, à laquelle les rideaux d’arbres, plantés le long des haies et des fossés qui séparent les héritages, donnent néanmoins un aspect verdoyant et boisé. La chaîne des Vosges, qui court du nord au sud et qui est formée de roches granitiques, de grès rouge et de grès vosgien, sépare le bassin parisien de l’Alsace, et déverse de chaque côté les produits des forêts de sapins et d’épicéas qui s’étendent sans interruption depuis notre ancienne frontière au nord jusqu’au Jura. Le plateau central, également granitique, sauf dans quelques vallées privilégiées comme la Limagne, est aussi pauvre au point de vue forestier qu’au point de vue agricole. Au siècle dernier, l’Auvergne envoyait encore des sapins à Paris ; aujourd’hui ce bois fait défaut dans le pays même, et les montagnes présentent plus d’un million d’hectares de landes de pâtis et de bruyères. Les plateaux de la Côte-d’Or et les montagnes du Morvan sont couverts de taillis sur plus de la moitié de leur superficie; c’est une région très boisée comme il convient à la naissance des fleuves. Le Jura, qui a donné son nom aux terrains dont il est formé, s’étend du nord au sud, depuis les Vosges jusqu’à Chambéry, et présente les sapinières les plus remarquables, sinon par l’étendue, du moins par les dimensions et par la qualité des produits, que nous ayons en France. Les Pyrénées comme les Alpes ne sont que très incomplètement boisées, quoique les terrains dont elles sont formées soient très propres à la culture forestière ; mais le peu de valeur des bois, résultant de la difficulté des transports, a provoqué l’extension exagérée de l’industrie pastorale qui a détruit presque toutes les forêts de ces montagnes. Dans les Alpes surtout, le mal a fait de tels progrès que la dépopulation s’en est suivie et que la reconstitution des forêts est devenue pour les départemens du sud-est une question de vie ou de mort.

Le déboisement a donc marché d’une façon très inégale dans les diverses régions de la France; presque général dans les hautes chaînes éloignées des centres de consommation, il ne s’est produit dans les bassins que sur les terres les plus fertiles. Aussi n’y aurait-il pas d’intérêt à le poursuivre, même dans les plaines, puisque les forêts y sont à leur place, sur des terrains où aucune autre culture ne pourrait les remplacer avec plus d’avantage.

Les forêts de la France, comme celles de la zone tempérée, sont