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L’EMPIRE DES TSARS
ET LES RUSSES

VII.
LA RÉFORME JUDICIAIRE.

I.
LE DROIT ÉCRIT ET LE DROIT COUTUMIER. — LA JUSTICE DES PAYSANS ET LES TRIBUNAUX CORPORATIFS[1]

Le traité de Berlin a ramené l’attention sur l’intérieur de la Russie, l’étranger regarde avec une maligne curiosité les désordres inattendus des bords de la Neva et les sanglantes surprises des vainqueurs de la Sublime-Porte. Le spectacle en effet est digne d’intérêt, bien qu’en réalité il soit moins neuf qu’on ne l’imagine souvent en Occident. Les conspirations d’étudians, les échauffourées de jeunes gens, les manifestations tumultueuses, qui depuis déjà quelques années se succédaient à de courts intervalles ont depuis la fin de la guerre repris de plus belle, avec une ardeur et une audace nouvelles. Les sociétés secrètes semblent être passées de la théorie à l’action. Les apôtres de la révolution et de l’utopie, qui avant la dernière campagne se contentaient de vagues complots ou d’une mystérieuse propagande, ont mis la main au poignard et au revolver, et chaque mois, presque chaque semaine nous apporte la nouvelle d’un autre attentat, d’une autre conspiration.

Il y a chez les libérateurs de la Bulgarie des mécontens et des rêveurs auxquels ne suffisent point les lauriers des Skobelef et des

  1. Voyez la Revue du 1er avril, du 15 mai, du 1er août, du 15 novembre, du 15 décembre 1876, du 1er janvier, du 15 juin, du 1er août, du 15 décembre 1877, du 15 juillet et du 15 août 1878.