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comme le thé, le mûrier et le coton. A part quelques draps russes, les lainages anglais ont donc toute facilité pour se répandre, surtout dans les provinces du nord, où la rigueur du climat en rend l’emploi nécessaire.

Le thé chinois est trop connu aujourd’hui pour qu’il soit besoin d’en parler longuement. On sait que cet arbuste donne des produits essentiellement variables, suivant la qualité du terrain où il est planté, l’époque à laquelle est faite la cueillette (car il y a parfois jusqu’à trois récoltes) et le soin apporté à la torréfaction des feuilles. Le thé noir ne diffère du thé vert que par le mode de préparation ; il subit une cuisson de plus, et perd une grande partie des principes qui constituent ses qualités excitantes. Le thé dit de caravane, venu à dos de chameau par la Mongolie et la Sibérie, était jadis fort justement estimé à cause de sa provenance méridionale ; aujourd’hui que la même qualité vient par Canton et Hong-Kong, il n’a plus d’autre mérite que d’avoir échappé aux avaries du transport maritime. Enfin, sous le nom de thé en briques, les provinces du nord consomment et commencent à expédier une qualité inférieure, qui comprend les déchets et les feuilles médiocres pressées en blocs compacts. Cette exportation a sensiblement augmenté dans ces dernières années par suite de la consommation faite en Californie et ailleurs par les innombrables émigrans chinois.

Les thés de Chine ont pour cliens fidèles les Anglais de toutes conditions, chaque sujet du Royaume-Uni en consommant en moyenne 2 kilogrammes par an. L’exportation directe pour la France a commencé en 1874, et s’est élevée pour la première année à 418,560 kilogrammes. Nous sommes encore, pour la plus grande partie de notre consommation, tributaires de l’Angleterre. L’Amérique importe de très grandes cargaisons, mais elle s’est depuis quelque temps habituée au thé japonais, qui fait une concurrence importante au thé chinois. Les essais faits dans l’Inde, à Java et en Australie pour cultiver le thé n’ont pu jusqu’ici changer sensiblement l’état du marché.

La soie, dont le nom a servi aux anciens pour désigner le peuple qui, selon toute vraisemblance, en a le premier connu l’usage, est encore aujourd’hui la principale industrie chinoise. Les soies grèges sont d’une bonne et solide qualité. Celles qui ont été moulinées par les procédés primitifs des indigènes sont peu propres au tissage par nos métiers, et les négocians préfèrent les expédier à l’état brut, contrairement aux tendances du gouvernement chinois, qui ne voudrait pas laisser dépérir cette industrie et serait disposé, assure-t-on, à fournir à ses sujets les moyens d’améliorer leur fabrication. Quant aux soieries, si la fantaisie européenne peut demander à l’Empire du Milieu quelques-unes de ses tentures ou de ses étoffes écrues, il ne