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dzori, autres sandales plus rigides, plus épaisses, qui, au lieu de se ficeler à la jambe comme les précédentes, ne tiennent que par un mince bourrelet fixé à la semelle et passant entre les orteils.

Un dernier mode de chaussure plus relevé est la guetta, qui n’est autre qu’un dzori renforcé d’une énorme semelle de bois de 5 à 10 centimètres de haut, évidée au milieu de manière à former échasse. Excellente pour traverser les flaques de boue, cette chaussure ne permet pas de courir ; c’est celle des gens oisifs et des jours de repos. Nous n’en finirions pas si nous voulions énumérer tous les usages de la paille et du chaume, depuis la toiture des maisons jusqu’aux tresses qui pavoisent les portes, en signe de fête, les jours de réjouissance publique. Ces matières trouvent un de leurs plus singuliers emplois comme musette de terrassier ; quand il s’agit d’emporter des déblais, l’ouvrier étend à ses pieds une sorte de réseau serré de paille ou de chanvre, de forme quadrangulaire, dont chaque extrémité est munie d’un annelet ; il remplit de terre ce récipient, en relève les quatre coins, qu’il passe dans un bambou, recommence l’opération pour un second qu’il accroche à l’autre extrémité de son bambou, pose le tout sur son épaule et emporte son fardeau. C’est ainsi que les manœuvres transportent les matériaux de toute sorte, c’est ainsi qu’ont été creusés les fossés gigantesques de Siro.

Les magnifiques bois du Japon ont seuls été l’objet du soin qu’ils méritent. Ils s’étalent sur un tableau d’une lecture facile et d’un aspect agréable. Citons d’abord le camélia, qui atteint sans culture un développement exceptionnel et forme au printemps une sorte de dais rouge sur la tête des cavaliers le long des haies ; le buis, le genévrier, l’orme, le lierre, le palmier, un bois de fer semblable à l’ébène. Il n’est peut-être pas de pays au monde qui produise relativement à sa superficie autant de conifères ; les routes en sont bordées et des cryptomérias émondés servent souvent de clôture. C’est autour des temples, où la serpe n’ose les attaquer, qu’ils atteignent les plus belles dimensions.

Le hibanoki pousse dans les terrains argileux ; à trois cents ans, il atteint 35 mètres de haut et 3m,50 de circonférence. Il résiste très bien aux alternatives de sécheresse et d’humidité ; aussi le ré-serve-t-on, dans les constructions navales, aux œuvres mortes, et dans celle des maisons pour faire les portes et les montans. Le hinoki, répandu dans tout le pays, mais particulièrement dans la province d’Owari, est plus élastique que le précédent et possède d’ailleurs les mêmes qualités. Le sugi-no-ki ou cèdre forme les œuvres vives des navires, les poutres et les plafonds des maisons. Le akamats et le kassi-no-ki ont les mêmes propriétés, quoique à des degrés inférieurs. Le keyaki, l’un des bois les plus usuels du