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historien de l’Italie, et personne ne connaît comme lui le XVe et le XVIe siècle ; son histoire de Savonarole et le premier volume de sa grande histoire de Machiavel, qui à paru l’an dernier, ont déjà été traduits en anglais et en allemand[1]. Né à Naples, il fut, après la révolution, appelé à diriger l’École normale de Pise ; en 1865, il fut nommé professeur, d’histoire à l’institut de Florence, et en 1867 il ajoutait à cette chaire la présidence de la section. Il est du petit nombre de ceux qui, en Italie, s’intéressent aux questions d’enseignement ; il a rempli avec distinction les fonctions de secrétaire général du ministère de l’instruction publique.

Comme tous ceux qui se font une juste idée du véritable rôle de l’enseignement supérieur, M. Villari estime que cinq élèves, jeunes et assidus, valent mieux pour le professeur et pour le pays que cent auditeurs de rencontre et de passage. Si vous avez des élèves, de vrais élèves, dont vous ayez étudié l’esprit et dont vous puissiez suivre les progrès, vous ne vous contentez pas de leur transmettre, dans un brillant langage, des résultats généraux comme en veulent les gens du monde, mais vous leur enseignez à pratiquer les méthodes dont ils se serviront, — ils ont l’avenir devant eux, — pour faire avancer la science et pour dépasser leurs maîtres. La préoccupation constante de M. Villari a donc été de changer peu à peu l’athénée en une école spéciale, où la conférence réservée aux étudians remplacerait, autant que possible, la leçon publique, toujours plus ou moins oratoire.

Le premier point, c’était d’assurer le recrutement de cette école. On y parvint en obtenant du ministre, pour la section, en 1867, le droit de conférer des diplômes (diploma d’insegnamento e di magistero). Comme la laurea des universités, ces diplômes ouvrent la carrière de l’enseignement. En dépit d’une équivalence théorique dont personne n’est dupe, les diplômes florentins ont, aux yeux du ministre, une autre valeur que ceux qui émanent des deux tiers des vingt et quelques universités italiennes, legs embarrassant du passé. Quand il s’agit de pourvoir à quelque haute classe d’un lycée, on n’ira pas préférer un lauréat de Sassari, de Messine ou d’Urbin à un élève distingué de MM. Villari, Comparetti ou De Gubernatis.

C’est donc, par le fait, une véritable école normale qu’a fondée à Florence M. Villari, et, pendant la durée de l’année scolaire qui s’achève en ce moment, les cours (corsi normali) en étaient suivis par trente-cinq élèves. En même temps la section, fidèle à la pensée dont s’étaient inspirés ses fondateurs, a voulu rester aussi une école des hautes études. Elle assure, aux futurs maîtres de la jeunesse

  1. La Storia di Girolamo Savonarole e de suoi tempi, 2 vol. in-8o ; Florence, Lemonnier, 1859. — Nicolό Macchiavelli e i suoi tempi, 1 vol. in-8o ; Florence, Lemonnier, 1877.