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vaine comédie. Ces droits de transit, d’ailleurs très modérés, s’élèvent à la moitié du tarif douanier et à 2 1/2 pour 100 sur les objets exempts du droit d’entrée ou de sortie. Toute marchandise étrangère voyageant vers l’intérieur doit être accompagnée d’un passavant délivré par la douane du port de débarquement ; toute marchandise indigène se rendant vers un treaty-port pour le compte d’un étranger doit se munir d’une semblable passe à la première barrière qu’elle rencontre. L’opium seul est excepté de cette mesure protectrice. Il ne peut voyager dans l’intérieur que comme propriété chinoise et sous le coup de toutes les taxes qu’il peut plaire aux mandarins de lui imposer. Chaque caisse, dit-on, supporte environ 20 livres sterling d’impôts divers avant même de quitter le port ; s’il en est ainsi sous les yeux du consul anglais, on peut juger du sort qui attend ce produit dans l’intérieur.

Mais il s’en faut de beaucoup que les dispositions des traités relatives au transit soient scrupuleusement exécutées. A la vérité, dans les districts du nord et dans la province de Kwangtung, les li-kin ou taxes de barrières sont si faibles qu’il y a peu d’intérêt à en exempter la marchandise par l’acquittement préalable du droit de transit, et il est juste d’ajouter que, dans la généralité des provinces, les convois protégés par le passavant régulier cheminent librement ; mais, à l’inverse, dans les provinces du centre et sur le cours du Yang-tse-kiang, les produits qui font route vers les ports sont, en dépit de toutes les précautions prises par les expéditeurs, en butte à toute sorte de vexations et de contributions, et les plaintes à ce sujet n’ont fait qu’augmenter dans les dernières années. Non pas que le gouvernement chinois viole ouvertement l’article 23 du traité ; mais, si les autorités locales ne perçoivent pas les li-kin, elles ont mille moyens de frapper la marchandise, soit en cours de voyage par des taxes spéciales et extraordinaires pour la guerre, pour l’indemnité de guerre, pour l’anéantissement de la rébellion, pour la reconstruction des digues d’un canal ou d’un fleuve, ou bien entre les mains du producteur et avant toute prise de possession européenne, de sorte que les passes et les acquits ne servent tout au plus qu’à éviter les retards, mais n’assurent pas la franchise.

Aux plaintes des étrangers, le gouvernement chinois répond qu’ils ne sauraient sans abus s’ingérer dans ses affaires intérieures en critiquant des taxes générales ou locales dont il lui plaît de frapper toute une catégorie de produits. Il ajoute, la plupart du temps, que les prélèvemens taxés d’arbitraires ont porté sur des marchandises qui se couvraient d’un nom européen pour arriver aux ports de la côte, en réalité, au compte d’un négociant indigène. Tout dernièrement, la suppression des li-kin était au nombre des conditions dont