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coulée une petite bande en parchemin sur laquelle est écrit à la main un verset du Lévitique qui se termine par cette prescription : « Que les lois que je te prescris aujourd’hui restent gravées dans ton cœur… Tu les attacheras comme un signe à ta main, comme un fronton entre tes yeux ; tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes, » prescription qui aujourd’hui encore est fidèlement exécutée par la plupart des enfans d’Israël. À part ce signe caractéristique, l’orphelinat, qui reçoit dans deux sections différentes des garçons et des filles, diffère peu des établissemens du même genre les mieux tenus que j’aie visités. L’enseignement primaire, poussé très loin, y est doublé pour les garçons les plus intelligens de celui de l’hébreu, et j’ai vu un enfant de douze ans lire et traduire l’Ancien-Testament à livre ouvert. Les parois de l’école sont tapissées de gravures coloriées, semblables à celles qu’on trouve surtout dans les écoles anglaises et qui représentent des scènes familières de l’histoire du peuple de Dieu. Il y a là cependant une dérogation aux prescriptions de l’ancienne loi mosaïque, qui, par horreur de l’idolâtrie, proscrivait la reproduction de la figure humaine. Aussi aucun tableau n’orne-t-il les murailles de la petite synagogue, claire, de bon goût, un peu froide, qui sert d’oratoire à l’orphelinat. Sur l’autel, appelé icbah, est placé un chandelier à huit branches, destiné à rappeler le souvenir de l’ancien chandelier à sept branches, dont il ne doit pas cependant être la reproduction. Dans le saint des saints, séparé de la synagogue, comme dans l’ancien temple, par un voile, sont enfermés les cinq livres du Pentateuque, écrits à main d’homme sur parchemin et roulés comme un ancien manuscrit. Chaque jour de sabbat, l’officiant, dont le nom hébreu signifie messager de la communauté, lit à haute voix une des cinquante-deux divisions du Pentateuque qui correspondent à chacune des semaines de l’année, et cette même lecture est accomplie le même jour, presque à la même heure, dans toutes les synagogues du monde.

Si longue que soit cette nomenclature des formes diverses de la charité, elle demeurerait incomplète, si, à côté des établissemens dont j’ai parlé, je ne signalais l’existence de nombreuses sociétés dont les unes, comme la Société de protection des apprentis employés dans les manufactures et d’autres associations plus modestes, s’occupent d’adoucir la condition des enfans employés dans les rudes travaux de l’industrie parisienne, dont les autres, comme la Société d’adoption, ou la Société des amis de l’enfance, s’occupent d’assurer le sort des enfans abandonnés, dont les autres, comme l’œuvre du rapatriement, fondée par l’abbé Sarrauste, cherchent à les arracher aux dangers de la grande ville et à les ramener au village, œuvre très utile à la condition qu’elle se consacre exclusivement à des