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violente secousse aux jeunes filles qui franchissent le seuil de la maison, et il les arracher d’un coup au péché pour les mettre en présence de Dieu et d’elles-mêmes. » La maison de Saint-Michel est la seule institution dans Paris qui s’ouvre sans obstacle à toutes les nuances, à toutes les variétés du repentir, et à laquelle ses vastes dimensions permettent de ne fermer sa porte à personne, pas même aux jeunes filles qui viennent y cacher une faute dont elles attendent l’inévitable conséquence. Mais comme le couvent ne saurait à certains jours se transformer en une maternité, on assure à ces jeunes filles, lorsque l’instant de leur délivrance est venu, un asile momentané dans mie maison discrète, sauf à leur ouvrir de nouveau les portes de Saint-Michel, si des circonstances malheureuses les ont déchargées de leurs devoirs de mère.

À côté des variétés qu’introduit dans l’organisation des œuvres charitables la complexité même des misères que ces œuvres se proposent de soulager, il y a celles qui résultent de la différence des confessions religieuses. À part quelques rares et d’autant plus honorables exceptions, le sentiment religieux est et sera toujours le grand mobile de la charité. Il n’est donc pas étonnant que chaque secte religieuse ait ses œuvres dont elle se montre justement fière et dont la prospérité est à ses yeux l’indice de l’ardeur de la foi chez ses adeptes. À ce point de vue, il est intéressant d’étudier à Paris les œuvres de la charité protestante. Ces œuvres sont très nombreuses et généralement très prospères, grâce au zèle et aussi à la richesse de la minorité qui les entretient. Pour ne parler que de celles intéressant l’enfance et la jeunesse, on ne compte pas à Paris moins de 111 écoles protestantes, dont 21 communales et 90 libres, auxquelles il faut ajouter 15 écoles dans la banlieue. Il existe en outre un certain nombre d’écoles du dimanche, institution essentiellement protestante dont l’enseignement a surtout un but religieux. Les orphelinats sont au nombre de 11 ; les écoles professionnelles étaient naguère encore au nombre de 2, dont l’une spéciale aux jeunes filles qui se destinaient à l’imprimerie. Cette école, située à Puteaux, avait été fondée par M. Martinet, le grand imprimeur, qui s’engageait à loger, nourrir et instruire pendant dix ans dans la profession de compositeur-typographe les jeunes filles qui lui étaient confiées, et qui étaient placées sous la surveillance d’une diaconesse. Cette école, qui paraissait donner de très bons résultats, a été fermée récemment pour une raison que j’ignore ; mais l’idée était trop ingénieuse pour qu’elle ne soit pas reprise un jour ou l’autre.

Pour les femmes tombées dans la débauche et qui cherchent à en sortir, il existe deux refuges : l’un situé à Bourg-la-Reine, l’autre rue de Picpus. Les enfans insoumis et abandonnés sont reçus de dix à quatorze ans, les garçons rue de Flandres, les filles rue de