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heures et distribue avec succès l’enseignement primaire à de jeunes garçons arriérés, dont quelques-uns ont été renvoyés des écoles communales pour leur insubordination ou leur malpropreté. Comme annexe de l’œuvre, un patronage a été fondé où de grands jeunes gens viennent jouer le dimanche aux boules et au billard. La sœur qui a eu cette idée hardie fait, dit-elle, tout ce qu’elle veut de ses gamins.

D’autres œuvres ont au contraire un caractère plus général. Ainsi l’abbé Roussel a fondé à Auteuil une maison où il s’efforce d’attirer les jeunes garçons qui n’ont point encore fait leur instruction religieuse et où, en les gardant plus que le temps nécessaire, on éclaire leur intelligence et on les façonne à un métier. L’œuvre s’est agrandie peu à peu d’un atelier de moulage et d’une imprimerie où l’on publie même un recueil illustré. Les enfans qui entrent dans la maison fondée par l’abbé Roussel et qui sont recrutés parmi les plus misérables en sortent pourvus de trois choses qui sont nécessaires pour traverser la vie sans encombre : l’instruction, l’éducation morale et un gagne-pain. Une œuvre de même nature, quoique moins importante, existe pour les jeunes filles. Elle est annexée à la maison de convalescence des jeunes filles dont j’ai déjà parlé et qui est située à Vaugirard, impasse Eugénie. Cette œuvre dépend, pour l’administration, de la maison dite des Enfans délaissés, dont la directrice, Mlle Delmas, et ses compagnes, cachent sous un manteau laïque la pertinence d’une vocation religieuse et charitable. La difficulté pour cette œuvre serait d’aller à la découverte des jeunes filles qui n’ont pas fait leur première communion, si celles-ci ne s’indiquaient pas le chemin les unes aux autres. C’est ainsi qu’il n’y a pas longtemps venait sonner à la porte de la maison une jeune fille à laquelle sa mère avait fait en mourant cette recommandation suprême : « Surtout fais ta première communion. » Fille d’un acteur du théâtre de Belleville, elle avait trouvé un obstacle persistant dans la tyrannie paternelle, et elle avait dû attendre jusqu’au jour où, sur le conseil d’une camarade, elle était venue chercher asile dans la maison de l’impasse Eugénie.

Plus bas, plus bas encore si l’on ne songe qu’à l’abaissement des créatures qui y sont recueillies, plus haut si on envisage le mérite et le dévoûment de celle qui les recueille, sont les œuvres destinées à offrir un asile aux femmes tombées. J’ai signalé au début de cette étude l’existence de deux œuvres de visite, catholique et protestante, qui exercent leur activité dans l’intérieur de la prison de Saint-Lazare, et à chacune desquelles correspond un refuge. Je parlerai tout à l’heure du refuge protestant. Le refuge catholique est situé boulevard de l’Observatoire et connu (comme tant d’autres établissemens de ce genre) sous le nom de Bon-Pasteur. Il est