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la fois mathématicien, philosophe et philologue, partagea l’accessit avec Euler dans un concours de l’académie de Berlin, où le prix était décerné à Bernouilli. L’académie, à cette seconde période de son existence, avait cessé d’être cartésienne ; Mathon de La Cour travaillait à répandre le système de Newton et non plus, comme Puget, à défendre les hypothèses de Descartes. En même temps que de mathématiques, il s’occupait de grammaire générale, étudiant les rapports des langues les unes avec les autres, et avec l’esprit humain. Son fils, Joseph de La Cour, est l’auteur d’un mémoire sur la législation de Lycurgue couronné par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et de divers écrits sur les beaux-arts, sur diverses questions d’utilité et de bienfaisance publiques. A l’imitation de l’Athénée de Paris, il fonda à Lyon des cours publics pour les sciences et les lettres ; il aidait de ses conseils et de sa bourse les jeunes gens qui montraient des dispositions pour le dessin. La plus grande partie de son temps et de sa fortune fut consacrée à des institutions philanthropiques qui étaient l’application de ses théories sur l’assistance publique et qui témoignaient de la générosité de ses sentimens. Après le siège, cet ami de la philosophie et des lettres, ce bienfaiteur du peuple, périt sur l’échafaud ; ce fut une des plus nobles victimes dont l’académie de Lyon paya le sanglant tribut à la terreur.


IV

Les gouverneurs, archevêques et intendans de la cité se disputaient l’honneur d’appartenir à l’académie et de la protéger, lui prodiguant pour ainsi dire à l’envi les marques de leur considération et de leur munificence. De son côté, le consulat, quoique composé de marchands, n’était pas moins généreux pour elle ; il lui donnait par an une bourse de 600 jetons, dotation supérieure à celle qu’elle a reçue plus tard des conseils municipaux de notre époque ; il faisait une pension au père Colonia, comme il en avait fait une au père Menestrier ; il exceptait, nous l’avons vu, un grand poète, seul entre tous, de la rigueur de ses décrets financiers. En outre, l’académie mettait-elle au concours quelque question d’utilité publique, il arrivait souvent qu’il doublait la somme réservée au vainqueur. Ces marchands d’autrefois savaient au besoin prendre le rôle de Mécènes pour l’honneur des lettres et de la cité.

Non-seulement le consulat honorait et dotait l’académie dont il se faisait gloire, mais il prenait son avis sur un certain nombre de questions ; il lui avait même conféré une sorte de juridiction et d’autorité dans les questions d’art et de goût. En effet, un acte consulaire du 30 janvier 1733 charge la compagnie de la rédaction de toutes les inscriptions, auxquelles on attachait alors une si grande importance,