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d’entre elles, que nous choisirons parmi les plus considérables, et de faire un tableau plus complet de sa vie intérieure, de ses sentimens, de ses travaux, de ses relations au dehors. L’académie de Lyon est celle que nous prendrons pour exemple ; non pas que d’autres académies, comme celles de Bordeaux, de Marseille ou de Montpellier, ne pussent donner lieu à quelque étude également intéressante, mais parce que, membre de celle de Lyon depuis bien des années, nous la connaissons mieux que les autres.


I

Comme nous ne voulons pas faire l’histoire littéraire de Lyon, nous ne dirons rien des diverses sociétés, beaucoup plus anciennes, auxquelles quelques historiens ont voulu rattacher, par des liens plus ou moins douteux, les origines de cette académie. La véritable académie de Lyon date du commencement même du XVIIIe siècle. Dès l’année 1700, elle existe régulièrement, d’abord sous la protection du maréchal de Villeroy, puis de son fils, archevêque de Lyon ; mais elle ne fut autorisée qu’en 1724 par lettres patentes du roi[1]. Il est à remarquer que ces lettres ne contiennent aucune de ces clauses spéciales d’alliance ou d’affiliation particulière avec l’une ou l’autre des deux grandes académies de Paris, comme nous en avons trouvé dans les lettres patentes de Nîmes, de Marseille, de Montpellier, de Bordeaux et d’autres encore. D’où vient que la nouvelle académie n’eut pas un honneur dont elle ne semblait pas moins digne, dès les premiers jours, par sa composition, comme par le rôle qu’elle était appelée à remplir dans la plus grande ville de France après Paris ? La raison en est sans doute que les deux Villeroy, ses premiers protecteurs, ne faisaient partie ni de l’Académie française ni de l’Académie des sciences, et qu’ils n’eurent pas la pensée ou le crédit de négocier une pareille alliance. Mais, à défaut d’un pacte officiel, elle a eu, comme on va le voir, plus de relations peut-être qu’aucune autre académie de province avec les académiciens de Paris, avec les lettrés et les savans les plus célèbres du XVIIIe siècle.

Il faut suivre dans les lettres de Brossette à Boileau les commencemens de la compagnie. Comme l’Académie française, comme la plupart des autres académies, elle a pris naissance dans la libre et familière réunion de quelques amis des lettres. Ces premiers académiciens, ces pères de l’académie de Lyon, n’étaient qu’au nombre de sept ; mais tous ont mérité que la postérité n’oubliât pas leurs noms[2]. C’est d’abord Brossette, le premier secrétaire de la

  1. Nous avons consulté, outre les lettres de Brossette, l’Histoire littéraire de la ville de Lyon par le père Colonia, les Lyonnais dignes de mémoire par l’abbé Pernetti, la Correspondance de Brossette et surtout l’Histoire de l’Académie de Lyon par M. Dumas, 2 vol. in-8o, 1840.
  2. Nous avons consulté, outre les lettres de Brossette, l’Histoire littéraire de la ville de Lyon par le père Colonia, les Lyonnais dignes de mémoire par l’abbé Pernetti, la Correspondance de Brossette et surtout l’Histoire de l’Académie de Lyon par M. Dumas, 2 vol. in-8o, 1840.