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productives de revenus, elles doivent être classées d’après le caractère qui l’emporte. Ainsi, en se réservant la fabrication des tabacs, l’état a en vue non la satisfaction d’un besoin social auquel les particuliers auraient pu pourvoir aussi bien que lui, mais le revenu en argent que cette fabrication lui procure ; aussi est-ce du ministère des finances que doit dépendre l’administration qui en est chargée. Il en est de même de celle des douanes, qui, si elle avait pour objet avoué de protéger l’industrie nationale, devrait être rattachée au ministère du commerce, mais qui, envisagée comme simple administration fiscale, relève de celui des finances. Suivant qu’elle dépendrait de l’un ou de l’autre de ces ministères, les principes qui la dirigeraient seraient tout différens. Par contre, l’administration des forêts est surtout appelée à rendre d’autres services que des services financiers, et c’est avec raison qu’on l’a transférée au ministère de l’agriculture.

Une grande simplification à apporter serait celle de la réunion du service des chemins vicinaux, qui dépend du ministre de l’intérieur, à celui des routes nationales, qui relève du ministre des travaux publics. Aujourd’hui que les chemins de fer sillonnent tout le territoire, l’ancienne division des voies publiques en routes nationales, départementales, chemins de grande, moyenne et petite communication n’a plus de raison d’être, car toutes ces voies, à quelque catégorie qu’elles appartiennent, ne servent plus qu’à conduire à la gare la plus voisine les populations groupées sur leur parcours, et tel chemin vicinal est souvent plus fréquenté que tel ou tel tronçon de route nationale. Il résulterait de cette réunion des deux services, outre une grande économie, plus d’unité dans la législation et probablement une amélioration sensible dans la viabilité du pays.

Après le classement des administrations, il s’agit d’en assurer le fonctionnement en vue des services qu’elles ont à rendre. La première et la plus urgente des réformes est d’affranchir absolument les services publics du contrôle et de l’action des administrations locales, avec lesquelles ils n’ont rien de commun. Les autorités locales, et notamment les préfets, ne devraient pas intervenir dans les questions qui, à proprement parler, ne sont ni de leur compétence ni de leur ressort. Si la perception des impôts et l’instruction primaire sont des questions d’ordre public, pourquoi ces fonctionnaires auraient-ils à intervenir dans la nomination des percepteurs et des instituteurs ? Puisqu’il existe un corps spécial des ponts et chaussées, pourquoi ont-ils un avis à donner dans toutes les affaires concernant la viabilité publique ? Puisque la protection des personnes et des propriétés est du ressort du ministère de la justice,