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chemin de Chartres se composait de MM. le duc de Noailles, Victor Lefranc, Herson, Jahan, Avril, Gustave de Beaumont, Lebeuf, Johannys, Delorme ; celle du chemin de Paris à Lyon de MM. Dufaure, Daru, Rivet, Etienne, Herson, Didion, de Boureuille, Monier de La Sizeranne, de Monicault.

L’organisation adoptée ressemble singulièrement à celle des compagnies, et entre les commissions et les conseils d’administration il n’y avait guère de différence. Plusieurs des personnes que nous venons de nommer n’avaient même accepté la mission qui leur était confiée qu’à la condition nettement exprimée que les résolutions des commissions seraient admises sans discussion par les bureaux du ministère des travaux publics. C’était pour ces derniers une abdication à peu près absolue. Malgré la réserve observée de part et d’autre, de véritables difficultés surgirent entre ces deux pouvoirs. Les commissions statuaient sur les propositions que leur faisaient les directeurs des chemins, — M. Baude pour la ligne de Paris à Chartres, M. Jullien pour les lignes de Paris à Tonnerre et de Dijon à Châlon. — Procès-verbal était dressé des délibérations des commissions et transmis au ministre, qui seul avait pouvoir pour statuer.

Tous ces procès-verbaux existent aux archives du ministère des travaux publics. Pour la ligne de Chartres, il y en a soixante-trois, du 23 juin 1849 au 6 juin 1851 ; pour les sections du chemin de Lyon, il y en a soixante-deux, du 13 septembre 1849 au 1er mars 1852. Chacun d’eux vise un nombre considérable d’affaires. Dans les premiers temps, le ministre statue rapidement, mais les dossiers ne tardent pas à s’accumuler ; les décisions ne sortent plus des bureaux des ministères, et les directeurs sont placés dans cette alternative ou de marcher en supposant qu’on finira par avoir l’approbation ministérielle ou d’attendre patiemment.

La première résolution est dangereuse, la cour des comptes n’admettant pas des dépenses faites dans de semblables conditions ; la seconde couvre la responsabilité des directeurs et de leurs agens ; mais au point de vue du public, elle est désastreuse. Nous citerons quelques exemples empruntés aux procès-verbaux du chemin de fer de Lyon : le bail pour la location des écuries de la rue Moreau destinées à recevoir les omnibus est signé le 8 août 1849 ; il est ratifié le 21 novembre. Perte de temps : cent quatre jours. — Le cahier des charges des buffets de Joigny, Tonnerre et Dijon, dont l’approbation avait été demandée d’urgence le 13 septembre, n’est obtenue que le 6 décembre 1849, au bout de quatre-vingt-quatre jours. — En 1850, une troupe d’artistes demande une réduction de tarif pour aller donner une représentation en province ; la commission émet son avis le 10 janvier ; le ministre statue le 25 juillet, cent quatre-vingt-seize jours après. Les artistes ont dû être bien étonnés quand