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compagnies de Versailles (rive droite) et de Versailles (rive gauche). Le moment n’était pas venu. Cependant les populations réclamaient l’ouverture de la ligne de Versailles à Chartres, et le gouvernement fut contraint de demander à la chambre l’autorisation d’exploiter lui-même cette ligne au moins provisoirement. L’exposé des motifs présenté à cette occasion montre quelles étaient, au sujet de l’exploitation par l’état, les idées des représentans du gouvernement :


« Nous tenons essentiellement, disait, le 2 mars 1849, à l’assemblée nationale, M. le ministre des travaux publics, à provoquer et à obtenir le concours de l’industrie privée. Des considérations de l’ordre le plus élevé nous font penser que l’état doit éviter désormais les grandes entreprises, et substituer autant que possible à l’action des fonctionnaires publics des intermédiaires personnellement intéressés au succès des travaux ou des exploitations de chemins de fer.

« Le principe général que nous cherchons à réaliser sera donc celui du concours de l’industrie privée. Si nous vous proposons d’y déroger aujourd’hui, c’est en raison de l’urgence d’une exploitation immédiate et des difficultés qui, actuellement, font ajourner la formation des compagnies. La dérogation qui consiste à faire exploiter par l’état le chemin de Chartres doit être considérée comme essentiellement temporaire. »


Le rapporteur de la commission nommée par l’assemblée nationale, l’honorable M. Deslongrais, n’est pas moins explicite. Dans son opinion, l’exploitation par l’état ne doit être que temporaire, des compagnies sérieuses et solvables ne pouvant tarder à se former pour réclamer la concession d’une ligne aussi importante que celle de l’Ouest :


« Dans tous les cas, ajoute le rapporteur, l’exploitation du chemin de Chartres aura permis d’apprécier à leur juste valeur les avantages ou les inconvéniens de l’intervention de l’état dans ces entreprises, sans que les intérêts du trésor aient pu se trouver compromis, puisque cette partie de la ligne doit donner un produit net d’au moins 1,200,000 francs.

« La fixation des tarifs est une des portions les plus difficiles et les plus délicates de l’exploitation d’un chemin de fer. Elle réclame une connaissance spéciale, une étude approfondie des besoins du commerce et de l’industrie. De leur appréciation exacte dépend, en quelque sorte, le succès de l’entreprise. Aussi la commission s’est-elle divisée sur le choix de l’autorité qui devait fixer, réviser ou modifier les tarifs dans les limites du maximum prescrit par la loi.

« Il fallait choisir entre le ministre des travaux publics et celui des finances. Les tendances du premier seront toujours évidemment d’abaisser les tarifs, afin d’activer la circulation et de favoriser le